Version française
Dérivé du latin transire (passer de l’autre côté d’une frontière ou d’une rive), le terme « transition » désigne le passage d’un état à un autre ou un état intermédiaire, de sorte que pour l’appréhender, il est nécessaire de définir les bornes entre lesquelles il s’effectue ; notons qu’une transition peut être brusque (la transition de phase en sciences physiques) mais que le terme désigne le plus souvent des échelles de temps relativement longues et qui engagent une forme de progressivité (c’est le cas des transitions dites démographique, écologique, énergétique, ou politique). Une transition implique une forme d’altération et d’instabilité, mais aussi le maintien d’un lien avec ce qui l’a précédée. Son importance, voire son existence, est souvent perçue rétrospectivement, mettant en jeu la question du temps où se forge la conscience rétroactive des événements : c’est un sujet individuel ou bien une institution, ou bien d’autres acteurs collectifs, qui découpent des périodes transitoires et qui les désignent comme des moments fondateurs ou, au contraire, comme des périodes troublées que l’ordre présent a heureusement dépassées. Dans le champ des études anglophones, nous pouvons, sans que la liste soit exhaustive, évoquer cinq grandes familles de questionnements qui mettent en jeu les diverses manières dont les transitions ont pu être perçues, décrites, combattues ou au contraire promues.
Pascal Chabot postule que la « transition, c’est le changement désiré » (Chabot 6). On pourra néanmoins s’interroger sur ce caractère a priori intentionnel des transitions et plus généralement sur la relation entre transition et agentivité humaine, entre transition et rapports sociaux ou politiques. Témoin de la conflictualité sous-jacente à nombre de transitions, l’expression « transition écologique » est employée par des acteurs divers aux stratégies parfois antagonistes. Nous proposons de nous pencher sur les différentes façons dont les changements affectant les écosystèmes ont pu être décrits à différents moments de l’histoire des pays anglophones et d’analyser comment la transition vers de nouveaux modes d’habitation du monde a pu y être imaginée, décrite, vantée ou décriée. Nous pouvons aussi nous interroger sur les transitions induites par des révolutions techniques telles que l’imprimerie, la mécanisation des transports, de l’agriculture et de l’industrie, la révolution numérique : quelles adaptations, quelles inventions, quelles appropriations ou quelles résistances ont-elles suscitées dans le monde anglophone sur le plan social, politique, industriel, esthétique, idéologique ?
Deuxièmement, le développement contemporain des discours et positions théoriques sur la transidentité témoigne d’une approche spécifique de l’identité de genre en termes de devenir, et il nous invite aussi à penser, plus largement, des identités conçues en termes non essentialistes, avec l’ambition de dépasser ou de subvertir un ensemble d’assignations et de relations de domination. Nous proposons de nous pencher sur des récits de transition passés ou présents, et de soupeser leurs enjeux en fonction des périodes et des contextes.
Une troisième famille de questionnements pourra porter spécifiquement sur les arts de la transition. Dans un spectacle ou un discours, la transition désigne ce procédé qui guide l’attention du spectateur ou du co‑énonciateur vers une nouvelle idée ou une nouvelle image, vers la partie suivante du texte ou du discours. On peut envisager la transition sous un angle rhétorique, et y voir avant tout un lieu de guidage, mais on peut aussi l’étudier sous l’angle de sa force poétique et l’étudier comme un lieu d’ouverture ou de brouillage du sens. L’art de la transition pourra être interrogé dans diverses disciplines de l’anglistique, en lien avec des enjeux herméneutiques, poétiques mais aussi pragmatiques, dans la mesure où les transitions mettent en jeu l’attention portée à la réception du discours, du texte, du son ou de l’image.
Quatrièmement, la notion de transition appelle des questionnements spécifiquement épistémologiques et historiographiques. Dans quelle mesure une transition, tributaire d’un certain découpage de l’histoire, est-elle le fruit d’une construction a posteriori émanant de notre regard réflexif ? En conférant à certains moments le statut de transitions, comment la mémoire individuelle ou collective construit-elle un récit du passé ? On peut se demander quelles sont les perspectives idéologiques sous-jacentes lorsqu’une période est désignée comme une phase de transition. S’agit-il de consolider la fondation d’un nouveau régime politique, comme dans le cas de la « justice transitionnelle » en Afrique du Sud ? On peut notamment se demander si la notion de « transition » évoque une vision de l’histoire qui resterait, au final, linéaire et téléologique. S’agit-il en effet, en employant cette notion et en s’intéressant aux moments de transition, de prendre en compte les résistances et les permanences tout en conservant, sans le dire, les notions de progrès ou de dépassement comme principe directeur de l’enquête ? Ou bien s’agit-il comme le propose Michel Foucault, de prêter attention au « bruit du dessous de l’histoire », en deçà des grandes « scansions » que seraient les révolutions politiques ou la révolution industrielle ?
Enfin, nous pouvons dégager des interrogations qui se rapportent spécifiquement à l’anglistique et à l’évolution des études sur le monde anglophone. Dans quelle mesure la transdisciplinarité y induit-elle des transitions vers de nouvelles pratiques ou de nouvelles normes ? L’internationalisation de la recherche induit‑elle des transitions notables dans le champ de l’anglistique française ? En quoi les révolutions techniques (notamment la numérisation des données et le développement de l’intelligence artificielle) induisent-elles des transitions dans notre manière de construire et de transmettre des connaissances sur le monde anglophone ?
Sciences humaines
En sciences humaines, le terme de « transition » évoque de nombreuses pistes. Nous pourrons interroger les questions de périodisation dans l’écriture de l’histoire lorsque les historiens cherchent à conceptualiser le passage d’une époque à une autre (par décennies, siècles ou autres bornes temporelles).
Outre les évolutions sur la longue durée – the long emancipation of slaves chez Ira Berlin, English Reformations chez Christopher Haigh, le déclin ou la montée en puissance de partis politiques, l’avènement de l’illibéralisme à l’époque contemporaine – nous pouvons également nous intéresser aux crises politiques ponctuelles telles que les révolutions, les renversements de régimes ou les démissions, qui mènent souvent à l’instauration de modalités transitoires (provisional government, caretaker leaders, interrègnes) et qui sont par la suite remplacées par un autre régime qui sera caractérisé, d’un point de vue rétrospectif, comme un régime stable. Certaines dates-clés ou décisions ponctuelles sont régulièrement désignées comme des déclencheurs de transitions sociales ou des symptômes de changements en cours : ainsi les jugements de la Cour Suprême des Etats-Unis tels que Roe v. Wade et son abrogation, le référendum sur le Brexit au Royaume‑Uni, les débuts et les fins des guerres, les cessez-le-feu et les trêves ou telle victoire-phare lors d’élections législatives ou présidentielles. Nous proposons de nous pencher sur ce que les différents acteurs d’un changement politique et/ou social désignent comme une « transition » avec des motivations et des visées diverses. Dans le domaine historiographique, insister sur ces moments de transitions et proposer par ce biais de nouveaux découpages peut être une façon de promouvoir une école de pensée nouvelle ou un nouveau paradigme : ainsi, réfléchir en termes de transition graduelle plutôt qu’en termes de rupture politique peut être la marque d’une école historique qui se démarquerait de l’historiographie marxiste. Nous pourrons aussi nous interroger sur ce que recouvre la notion de « tournant » historiographique ou épistémologique dans les sciences sociales (par exemple le linguistic turn, le religious turn ou le spatial turn). Dans le domaine des sciences sociales, un objet de réflexion privilégié pourra être l’étude des espaces d’accueil temporaires pour personnes migrantes et réfugiées, personnes sans domicile fixe, victimes de violence conjugale, ou encore victimes de catastrophes naturelles ou humanitaires. On pourra s’intéresser à la question de l’asile sous le prisme de l’histoire, des sciences politiques, de la sociologie ou de l’ethnologie, tout particulièrement l’ethnolinguistique ou encore de l’ethnopsychiatrie.
Littérature
Dans le champ de l’histoire littéraire on pourra réfléchir également aux découpages produits par la critique ou par les œuvres : lorsqu’une écriture proclame sa rupture avec un ensemble de caractéristiques héritées du passé ainsi que sa transition vers de nouvelles formes ou une nouvelle époque, il sera intéressant d’interroger le rapport complexe au passé littéraire qui s’y construit. Au sein des textes eux-mêmes, on peut s’intéresser à tout ce qui met en jeu la représentation de l’instabilité, que cette dernière soit géographique, existentielle ou ontologique. Par exemple, l’écriture de la nature est un des lieux privilégiés de la réflexion sur la transition écologique. Comment la prose narrative, la poésie, le théâtre, les dialogues entre textes et images rendent-ils compte d’un rapport constamment mouvant entre l’animal humain et son environnement ? Comment dessinent-ils des transitions vers d’autres modes d’habitation des écosystèmes ? On pourra aussi se demander, dans les littératures de voyage et de la diaspora, comment s’élaborent des espaces d’affirmation identitaire lors des transitions d’un lieu à l’autre, d’une culture à l’autre. Les lieux de transit liés à la migration pourront être envisagés comme des « zones de contact » où se produit une hybridation mutuelle des cultures majoritaires et minoritaires (Pratt). On peut aussi se demander si la transition doit s’envisager comme la « phase liminaire » d’un rite de passage (Gennep) ou au contraire comme une phase de brouillage et de confusion qui contrarie l’assimilation ou le retour dans un groupe : les récits littéraires qui envisagent des sujets emprisonnés dans les limbes d’une situation intermédiaire seront ici des objets d’étude précieux. Dans le même esprit, on pourra se demander si les écrits de vie, autobiographies, autofictions et romans d’éducation reflètent ou, au contraire, déstabilisent les découpages traditionnels qui président à la pensée de l’enfance, de l’adolescence, de l’âge adulte ou de la vieillesse dans une culture donnée. La thanatographie ou la pathographie, à travers leur thématisation de la maladie, de la convalescence ou de la mort envisagées comme expériences de vie à part entière, pourront revêtir un intérêt particulier de ce point de vue. Plus généralement, on pourra s’intéresser aux représentations littéraires de l’identité comme phénomène dynamique supposant une tension non résolue entre deux pôles : les textes centrés sur la transidentité pourront être un exemple privilégié de ce processus.
Enfin, la transition peut aussi s’entendre comme un passage entre le seuil matériel que constitue le paratexte (tel que Gérard Genette le définit dans Seuils) et l’œuvre littéraire en elle-même : dans ce cas, la transition renforce-t-elle la cohésion entre les diverses parties du texte ou est-elle un moyen de déstabiliser le lecteur ou le public ? On peut également s’intéresser aux phénomènes de transition interne entre chapitres, entre actes et entre scènes, aux changements de focalisation ou d’affiliation générique qui se produisent au sein des œuvres, ainsi qu’aux scènes de transition, souvent classées parmi les scènes « mineures » des textes littéraires, mais qu’on peut aussi envisager comme un « dysfonctionnement », un moment d’articulation où un discours passe d’un régime ou d’un système à un autre, « un moment de basculement, de changement de programme » (Charles 258) dont il convient de saisir les enjeux et la force propre.
Etudes filmiques
Dans le domaine de l’histoire du cinéma, on pourra revenir sur différentes périodes de transformation : le passage du cinema of attraction (Gunning) au cinéma narratif, le passage du muet au son synchronisé, mais aussi l’évolution actuelle des médias. Par nature, la transformation est également au cœur de l’adaptation filmique, source inévitable de changement, dont la fidélité à l’original doit être dépassée (Leitch). Il ne faut pas oublier l’importance de la transition comme aspect technique du montage au cœur de la continuité narrative et de ses potentielles remises en question. Se pose également la question du mode mineur : une scène de transition peut-elle être moins fondamentale qu’une autre ou constituer une « pause » ? Enfin, il faut prendre en compte la manière dont l’objet filmique devient un moyen privilégié pour favoriser un changement politique au sein d’un pays ou tout simplement pour exprimer les questionnements que suscite la transition, tant sur le plan politique ou national que sur le plan personnel, individuel, ou même identitaire (représentation du point de vue de personnages transgenres par exemple). On pourra plus spécifiquement s’intéresser à la réception et aux enjeux éthiques des séries liés à la « diffusion de masse » (Laugier) : le visionnage de la série serait-il un moment de transition vers une conscience politique plus affirmée ? Il sera également possible d’étudier l’impact des visions idéalisées ou apocalyptiques du futur sur le présent, transformé par l’horizon d’attentes qu’elles créent. On peut, avec les post-humanistes, remettre en cause l’idée que l’être humain constitue une entité stable et dépasser les frontières entre l’homme et la machine, entre l’homme et l’animal, mais aussi d’autres catégories – race, genre, orientation sexuelle, classes sociales. Ainsi, la transition de l’être humain vers cette nouvelle forme hybride qu’est le cyborg est-elle outil de remise en cause d’idéologies hégémoniques (Haraway) ? Le transhumanisme souligne encore davantage l’aspect transitoire de la forme humaine, appelée à être améliorée par les innovations technologiques qui permettraient à l’homme de se transcender (Huxley). Mais cette évolution technologique est-elle encore souhaitable ? On pourra s’intéresser à l’exploration écocritique, en fiction comme dans les documentaires, des relations entre l’humain et le non‑humain afin de faire apparaître les mécanismes de pouvoir qui les sous-tendent et de développer des pratiques pédagogiques visant un changement de pratiques culturelles.
Traductologie
Dans le domaine de la traductologie, nous pourrons nous demander en quoi l’acte même de traduire constitue une transition (d’un mode d’expression à un autre, d’un format à un autre) plutôt que la préservation et la transmission d’un donné. Lorsqu’on passe de documents écrits vers des documents aux formats très variés (audio, audiovisuel, multimédia), comment cette transition nous invite-t-elle à redéfinir l’acte traductif ? Comment penser les différences et les liens entre translation, transfert et transition ? Nous pourrons également nous interroger sur les transitions qui s’opèrent au sein du champ de la traductologie, et dresser l’état des lieux des approches les plus récentes dans leurs rapports avec des positions théoriques plus anciennes. On pourra, à titre d’exemple, se demander comment la traductologie intègre des perspectives féministes ou les apports des sciences de la cognition. Nous pourrons aussi nous pencher sur les transitions en cours au sein de la profession de traducteur : avec le développement de la Traduction Automatique Neuronale, nous semblons traverser une phase de transition entre une période où la machine vient suppléer le traducteur (emploi des outils de TAO) et une période où le traducteur intervient après la machine (post-édition) ou alors intervient à la fois avant et après la machine, combinant un travail de pré‑édition et de post‑édition. Les évolutions techniques nous amènent à redéfinir la tâche du traducteur humain, ainsi que sa formation et les modalités de sa reconnaissance professionnelle. On peut également constater et analyser des transitions vers des pratiques de traduction plus collaboratives (traductions collectives) et vers des pratiques plus ou moins institutionnalisées ou professionnelles (exemples du fan subbing ou des traductions en contexte de crise et d’urgence).
Didactique
Sous l’impulsion des transitions sociales, économiques, écologiques à l’œuvre, les acteurs, objets et concepts de la didactique des langues et des cultures se prêtent également à une analyse sous l’angle des transitions. Le processus même de développement d’une nouvelle langue implique des transitions multiples – d’un « niveau » à un autre, entre modalités d’apprentissage (en cours et chez soi, travaux dirigés et en autonomie), entre compétences langagières. Quant à l’acte d’enseigner, il peut comporter des transitions entre les phases de la leçon ou du cours, entre les styles d’intervention ; il peut aussi impliquer des transitions dues au développement des compétences pédagogiques des intervenants ou à de nouvelles contraintes externes (taille des groupes; horaires ; accessibilité des ressources). Le métier d’enseignant de langue(s) est, lui aussi, sujet à des transitions multiples : elles concernent par exemple la posture de l’enseignant, ou encore sa précarisation (que ce soit en milieu scolaire, associatif, universitaire, en France ou à l’étranger). Dans le domaine de l’anglais de spécialité, nous pourrons nous interroger sur les évolutions récentes des terminologies spécifiques et leurs enjeux, ainsi que sur les changements qui traversent les stratégies discursives et plus largement les cultures spécialisées, qu’il s’agisse de disciplines académiques ou d’environnements professionnels. Nous pouvons aussi nous pencher sur les changements des outils auxquels nous faisons appel dans la médiation et la médiatisation de l’enseignement (transitions entre outils, évolution des usages). Nous pourrons notamment nous demander comment l’essor de l’intelligence artificielle fait évoluer nos pratiques pédagogiques.
Linguistique
Dans le domaine linguistique, on pourra se pencher sur l’évolution des formes discursives induite par les nouveaux médias et réseaux sociaux : en effet, le chat ou les messageries instantanées permettent de faire émerger des formes d’interactions (directes) écrites alors que les interactions proprement dites étaient auparavant réservées au champ de l’oral. On observe, de fait, une forme de transition de l’écrit qui emprunte certaines caractéristiques de l’oral. De façon plus fondamentale (inhérente au système de la langue) on peut penser, sur le plan diachronique, aux évolutions linguistiques menant à des changements de statut de certaines unités au cours de processus de grammaticalisation, pragmaticalisation ou constructionalisation, dont il conviendra d’analyser les étapes. En synchronie, le cas des connecteurs permettant de marquer des transitions au sein des textes et discours peut également s’avérer pertinent (exemples : by the way, anyway, mind you, let’s say…). La question sera alors celle de l’effet produit par le marqueur en question : s’agit-il d’un effet de continuité ou, à l’inverse, l’altérité est-elle privilégiée ? Par ailleurs, les situations (fréquentes) de changements de plans énonciatifs en discours pourront faire l’objet d’analyses : passage d’une énonciation factuelle à une énonciation commentatrice (faisant appel à des expressions méta‑énonciatives), passage d’énoncés de portée générale à des cas particuliers ou illustrations, passage d’un discours technique à un discours vulgarisé, etc. Les indices ou marqueurs favorisant de telles transitions seront alors à mettre en lumière. Sur le plan phonologique, les phénomènes de variations accompagnant les transitions d’une région à une autre pourraient être examinés, de même que les questions d’accommodation favorisant l’intersubjectivité par le biais d’une adaptation de son propre système phonétique en fonction de celui d’autrui. En outre, la question des assimilations (régressives ou progressives) induites par le passage d’un terme à un autre s’avère tout à fait pertinente.
Ouvrages cités
Berlin, Ira. The Long Emancipation of Slaves. The Demise of Slavery in the United States. Harvard University Press, 2015.
Chabot, Pascal. L’âge des transitions. Presses Universitaires de France, 2015.
Charles, Michel. Composition. Seuil, 2018.
Genette, Gérard. Seuils. Seuil, 1987.
Gennep, Arnold van. Les Rites de passage. 1909. Picard, 1992.
Gunning, Tom. « The Cinema of Attraction [s]: Early Film, its Spectator and the Avant-Garde. » Theater and Film: A Comparative Anthology. 1986. Yale University Press, 2005, pp. 37-45.
Haigh, Christopher. English Reformations: Religion, Politics, and Society under the Tudors. Clarendon Press, 1993.
Haraway, Donna. « A Cyborg Manifesto: Science, Technology, and Socialist-Feminism in the Late Twentieth Century. » 1984. Simians, Cyborgs and Women: The Reinvention of Nature, Routledge, 1991, pp. 149-181.
Huxley, Julian. « Transhumanism. » Ethics in Progress 6.1, 2015, pp. 12-16.
Laugier, Sandra, dir. Les séries : Laboratoires d’éveil politique. Paris, CNRS, 2023.
Leitch, Thomas. Film Adaptation and its Discontents. Johns Hopkins UP, 2007.
Pratt, Marie-Louise. «The Art of the Contact Zone. » Profession, Modern Language Association, 1991, pp. 33-40.
English version
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The term “transition” comes from the latin transire—to cross a border or pass from one shore to another—and thus conjures up both movement and a state of limbo or in-betweenness. Transitions can be sudden, abrupt and brutal (for example phase transitions in the physical sciences), yet they more often happen over longer timescales and—in the case of demographic, environmental or political change—are seen as taking place gradually. Shifts can be radical and disruptive, but they can also be timid, incremental and rooted in precedent. Their significance, even their very existence, is often only tangible in hindsight when we look back and try to comprehend the past. It begs the question of why some periods and events are deemed memorable or highly significant while others are relegated to a forgotten past in an attempt to forge a social, national, institutional or individual narrative.
This call invites participants to think about such shifts and the different ways in which they are perceived. Pascal Chabot defines transition as “sought-after change” (Chabot 6) and yet not all transitions are welcome. It makes sense then to consider whether or not changes are the intentional result of human agency and social and political action. Terms such as the “green transition” abound but such terms are used by different actors for a host of different reasons. In our discussions we may want to consider the multitude of ways in which changes affecting ecosystems have been portrayed at different times in the history of the English-speaking world. How has the move towards new lifestyles and ways of inhabiting the world been imagined, described, lauded or derided? What about the impact of inventions such as the printing press and steam power or of the epoch shift seemingly brought about by the digital revolution? What resistance, if any, is put up across English-speaking regions to sudden changes, whether social, political, industrial, aesthetic or ideological?
Another area of debate concerns trans-identity: recent theoretical stances on trans-identity have shed new light on the notion of gender and foregrounded the notion of “becoming” as opposed to more fixed and immutable categories. Such conceptual frameworks enable identities to be considered in all their complexity, facilitating the subversion and toppling of a whole host of labels which tend to reinforce prevailing hierarchies and dominant structures. Scholars could address transition narratives from both past and present, weighing up the issues at stake in different eras and contexts.
A third line of inquiry could relate to what could be called the “art of transition”. In a stage performance or a speech, audiences and other performers are guided towards a new idea or image, or on to the next phase of a text or speech through different devices and techniques. The “art of transition” could be assessed in many different fields of English studies, whether from a hermeneutic, poetic or pragmatic perspective. Seeking out and studying transitions means paying attention to how texts, speeches and images are received by a reading, listening or viewing public.
To think about the notion of transition is also to raise fundamental epistemological and historiographical questions. To what extent is a transition, articulated by way of period markers, a retrospective creation, emanating from a society’s need to assess its past? When certain periods are deemed “transitions,” what does it say about individual and collective attempts to fashion a narrative of the past? It is worth digging deeper into the ideological stance underpinning any attempt to define categorical periods in the past. For instance, are such attempts a way of consolidating a new political regime, as in the case of “transitional justice” in South Africa? Does it go without saying that the notion of “transition” harbors within it a linear and teleological vision of history? Does the notion unequivocally conjure up incremental progress? Or can it also provide a glimpse of “the rumblings of the underside of history,” as Michel Foucault put it, over and above the great “upheavals” such as political or “industrial” revolutions?
There is also scope here for considering ongoing shifts in the field of English Studies itself. In which ways is the transdisciplinary nature of our field prompting a transition towards new practices and standards? What impact is the cross-fertilisation of research techniques at an international level having on the pursuit of English Studies in French language faculties? What contribution is being made by revolutionary technical advances (most notably, strides in data digitalization and AI) to fostering and conveying knowledge about the English language and the English-speaking world?
Social sciences
The term “transition” opens up a number of avenues of inquiry in the social sciences. How are past periods defined by historians who attempt to convey the passage from one era to another in decades, centuries or other time-frames? Long-term changes—Ira Berlin’s “long emancipation of slaves,” Christopher Haigh’s “English Reformations,” the rise and fall of political parties, or the advent of illiberalism in contemporary politics—could be considered, as could one-off political crises such as revolutions, resignations or regime overthrow, which often result in the implementation of transitional measures (provisional governments, “caretaker” leaders or regencies) subsequently to be replaced by another regime (which may or may not, in hindsight, be seen as the epitome of stability). Certain key dates or individual decisions can be viewed as catalysts for social shifts or as signs of changes under way—for instance Supreme Court rulings such as Roe v. Wade, now overturned, the Brexit referendum in the UK, the outbreak of war, armistices, ceasefires and truces, or key legislative or election victories. In such cases it is worth exploring the discourse, agenda and underlying aims of those who are both pushing for change and attempting to define what counts as a crucial transition. From a historiographical standpoint, placing emphasis on such shifts and thinking differently about the past can promote new schools of thought or conceptual frameworks. For example, thinking in terms of institutional continuity rather than sudden shifts is a hallmark of revisionist approaches seeking to distinguish themselves from prevailing Marxist orthodoxy. Addressing and unpacking the idea of historiographical or epistemological “turns” (for instance, the “linguistic,” “religious” or “spatial” turn) could also be fruitful. In the social sciences, the study of temporary housing or settlement for refugees and migrants, for the homeless, for victims of domestic abuse, or natural or humanitarian disasters could also be propitious areas of study. How is asylum regarded differently in the fields of history, political science, sociology or ethnography, and in particular of ethno-linguistics and ethno-psychiatry?
Literary studies
In literary history, we also find period dividers—those that are produced by literary criticism or by literary works themselves. When writing proclaims its dissidence from prior legacies as well as its passage towards new forms or a new era, a complex relationship with the literary past emerges. Within texts themselves, the representation of instability, whether geographical, existential or ontological, appears to be of particular interest here. Nature writing, for example, is a key area of deep reflection on environmental transition. How do narrative prose, poetry and theatre portray the constantly shifting relationship between the human animal and its surroundings? How do they sketch out transitions towards new ways of inhabiting ecosystems? In travel writing and diaspora literature, a transition from one place to another, or from one culture to another, can be a transformative experience which opens up a space of self-creation. Places of transit linked to migration may be seen as “contact zones” where majority and minority cultures hybridize each other (Pratt 1991). In such contexts, should transition be seen as the “liminal phase” in a rite of passage (Gennep) or, on the contrary, as a phase of blurring and confusion that thwarts assimilation or reintegration into a group? Literary texts that imagine subjects trapped in the limbo of in-betweenness will be valuable objects of study here. Similarly, the relationship between life writing and the traditional stages of the life cycle—childhood, adolescence, adulthood and old age—could be a rich vein of inquiry. Does the literary text reflect these divisions or, on the contrary, destabilize and undercut them? Thanatography and pathography, through their focus on illness, convalescence and death, which they turn into life experiences in their own right, may be of particular interest in this respect. More generally, we invite studies of literary texts that envisage identity as a dynamic phenomenon, one involving unresolved tension between two poles: texts that focus on trans-identity will be key objects of investigation here. Finally, a transition can also be understood as a textual threshold between the paratext (as defined by Gérard Genette in Seuils) and the main body of a literary work: in this case, does a transition reinforce the cohesion between the various parts of the text, or is it meant to unsettle the reader or the audience? One may also think of internal transitions taking place between chapters, acts and scenes, or shifts in focalization or changes in generic affiliation that occur within literary works. As for moments of transition in novels and plays, they are often categorized as “minor” parts of the text; yet they can also be regarded as puzzling “dysfunctional moments,” pivots when literary discourse shifts from one regime or system to another: a “moment of tipping over, when a shift in the program of the text is enacted” (Charles 258). What exactly might be at stake in such moments?
Film studies
The term “transition” in film studies immediately conjures up the various changes spanning the history of film, from what Gunning dubbed the “cinema of attraction” to narrative cinema, the passage from silent films to films with synchronised sound, not to mention all the ongoing changes in the media. Transformation is also necessarily central to film adaptation, which, according to Thomas Leitch, should no longer be assessed according to standards of fidelity to the original. One should not forget the variety of transitions achieved in films through editing, which plays a key role in narrative continuity and can therefore also be used to disrupt it. Narrative continuity also raises questions around which scenes appear crucial: can some be deemed less important than others, or be considered mere “pauses”? Finally, film as a vector of political change or a means to voice concerns raised by fundamental shifts in society, be they political or national, individual or personal, merits investigation. One example might be the portrayal of identity crises from the perspective of transgender characters. Transition could also be addressed more specifically through the lens of reception theory and by thinking about the ethical issues raised by the broadcasting of TV series (Laugier). Watching a TV show could arguably be the first step towards political awareness. Idealized or dystopian views of the future, and the expectations they create, might also have an impact on the way we see our own time. In the wake of Posthuman theories, the view according to which the human being has a stable essence can be challenged, as the boundaries blur between man and machine, man and animals, but also within categories of race, gender, sexual orientation and social class. This transition within human beings themselves, turned into a new hybrid form epitomized by the figure of the cyborg, undermines prevailing standards. The transitory nature of the human form is rendered even more vivid by the transhumanists, who call for the use of technological innovations to enhance the human body in an attempt to reach transcendence (Huxley). But is such technological evolution desirable? Scholars drawing on ecocriticism might focus on the way both documentaries and fiction films explore interactions between the human and the non-human in order to unveil underlying power dynamics and help change our culture through environmentally oriented educational practices.
Translation studies
In the field of translation studies, one may perceive the act of translating as a transition (from one format or mode of expression to another) instead of viewing it as the preservation and transmission of the original. When written documents are translated into a wide variety of formats (audio, audiovisual, multimedia), in which ways does the transition from one medium to the next redefine the act of translation itself? There is also scope to explore transitions which are currently taking place within the field of translation studies, such as the incorporation of feminist perspectives into professional practices or the contributions coming from the cognitive sciences. What changes are currently affecting the work of translators? The development of Neural Machine Translation could be viewed as a transitional phase between the idea of the machine replacing the human translator (through the use of CAT tools) and that of human intervention being fundamental in the process of post-editing or as a combination of pre-editing and post-editing work. Technical developments are thus redefining the tasks performed by human translators as well as the aims of their training programs or how they are recognized
professionally. Transitions towards more collaborative translation practices or towards more or less institutionalized or professional practices (fan subbing, translations in times of crisis and emergency) are also crucial to address.
Didactics (Teaching & learning)
Driven by social, economic and ecological transitions, the actors, objects and concepts intrinsic to the didactics of languages and cultures also lend themselves to analysis through the lens of “transitions”. The very process of developing an additional language involves multiple transitions—from one “level” to another, across learning modes (in class and through leisure, via other- or self-directed activities), and between different language skills. On the other side of the didactic dyad, the act of teaching can involve transitions between phases of a lesson or course, or between classroom styles; it can also involve transitions through the development of the pedagogical skills of those involved, or to new external constraints (class size, timetables, accessibility of resources). The profession of language teaching itself is subject to multiple transitions, concerning, for example, teachers’ posture, status or precarity (whether working in primary, secondary, higher or adult education, in the private or public sector, in France or abroad). In the field of English for Specific Purposes, recent developments in specialized terminologies as well as changes affecting discursive strategies and more generally the culture of specific areas of expertise merit examination, as do the effects of these transitions both on methods for investigating ESP and on the teaching and learning of English for academic or occupational purposes. Changes in the tools used to mediate and mediatize teaching (movements from one tool to another, shifts in usage) could also be examples of transitions in this field. At this time, the transitions afforded (and sometimes required) by the rise of artificial intelligence appear particularly worthy of study.
Linguistics
In the linguistic field, there is scope for examining how new media and social networks have brought about changes in discursive forms. The use of chat and instant messaging is generating alternative forms of direct written interaction, forms which were previously restricted to verbal exchanges. In a broader sense, we are currently witnessing a shift whereby written forms borrow markers of spoken language. From a diachronic perspective, it would be instructive to analyze linguistic changes which prompt alteration in the status of certain units, notably through processes of grammaticalization, pragmaticalization or constructionalization. Turning to synchrony, the case of connectors used to mark transitions within texts and speeches (e.g. by the way, anyway, mind you, let’s say….) and the effects such markers have could be explored. Do they favour continuity, or alterity? What about discourse situations involving changes in enunciative levels? Examples might include the transition from factual to commented enunciation (calling on meta-enunciative expressions), the shift from general statements to specific illustrations, the passage from technical to popularized forms of discourse and so on. What are the cues or markers favoring such transitions? From a phonological perspective, the variations observed in transitions from one region to another could be explored. How speakers inter-subjectively adapt their own phonetic system to accommodate those of others is significant here, as well as processes of (regressive or progressive) assimilation induced by the transition from one term to another.
Works Cited
Berlin, Ira. The Long Emancipation of Slaves. The Demise of Slavery in the United States. Harvard University Press, 2015.
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