Atelier SOFEIR

Gallot Eva Elisabeth, Université de Caen Normandie

« The Ulster Scots in Revolutionary America, a Hidden History in Ulster ? »

When James I of England encouraged Protestant subjects to settle in Ulster right from the 1610s with the Plantation scheme to counter the Catholic majority, surely, he never thought of what might happen next.

With the adoption of the Test Act in 1704 as part of the Penal Laws, the growing and influential population of Presbyterian in the province of Ulster became the target, which then stimulated emigration at a time when British North American colonies were inclined to attract European settlers, and offer land free of charge for a number of years.

Historians argue that eighteenth-century emigration from Ireland was predominantly Ulster-Scots, and originated from the province Ulster. Their migration to the New World all through this century is referred to as the Great Migration.

With hardships encountered as they moved from one place to another, and settle in a new land also under British occupation would – little by little – make the Ulster-Scots being considerably involved in the political construction of North America, in favour for independence. Right from the early revolutionary period in the 1740s, the Ulster-Scots were described as rebels, enemies or traitors to the British Crown.

At the occasion of the 25th Anniversary of the Good Friday Agreement, President of the USA Joe Biden delivered a speech at the Ulster University on April 12, 2023, and declared that ‘The family ties and the pride in those Ulster-Scots immigrants… who helped found and build my country… they run very deep’, which put forward the role of the Ulster-Scots in shaping an independent America.

However, if the USA appear proud of their Scotch-Irish heritage today, it seems very different regarding Ulster, even with the adoption of the New Decade New Approach Deal in 2020 by the Northern Ireland Executive power, London and the Government of the Republic of Ireland, which provided that Irish and Ulster-Scots cultural heritage should be developed, preserved and promoted. As a consequence, it may be interesting to study the way the Ulster-Scots history is developed, preserved and promoted today in Ulster.

Gasquet Joanna, Université de Caen Normandie

« La transition à travers les commémorations du soulèvement de Pâques 1916 »

Le soulèvement de Pâques 1916 a été un événement pour le moins inattendu. L’attention était portée sur la Grande Guerre. Une rébellion était prévue sur l’ensemble de l’Irlande, mais elle a dû être annulée. C’est une décision de dernière minute qui a fait débuter la rébellion à Dublin le 24 avril 1916. Pendant une semaine les rebelles irlandais se sont battus sur plusieurs lieux stratégiques dans la ville. Cependant, ils n’ont pas réussi à tenir et se sont rendus. S’en ai suivi du 3 mai au 12 mai l’exécution de 15 leaders à la prison de Kilmainham. N’ayant pas combattu à Dublin, Roger Casement a été pendu en août 1916 en Angleterre pour son rôle dans la négociation d’armes avec les Allemands.

La rébellion est considérée comme le déclenchement d’un mouvement qui a mené à la République d’Irlande. J’étudie particulièrement les années 1917 et 1918, car la rébellion a é eu lieu en 1916 et la Guerre d’Indépendance qui a commencé début 1919.

Mais la rébellion n’a pas été soutenue par la population dès le début, car de nombreux bâtiments ont été détruits et des civils ont été tués pendant les affrontements. Cependant les exécutions ont eu un impact sur l’opinion publique. Elles se sont déroulées dans le secret pendant la nuit et les Irlandais se réveillaient avec la nouvelle des exécutions dans les journaux. C’est en partant de là qu’on peut comprendre pourquoi 1917 et 1918 sont des années de transition. À travers le changement d’opinion, mais aussi la volonté du gouvernement britannique d’imposer la conscription en Irlande en 1918 et la victoire écrasante de Sinn Féin aux élections.

Les commémorations du soulèvement de Pâques ont pris différentes formes ces années-là et c’est à travers leurs études qu’il est possible de déterminer le renfoncement du discours nationaliste. Mais aussi les différents moyens utilisés comme les cartes de prière. Les commémorations apportaient aussi des tensions dans les communautés, mais aussi avec les forces de l’ordre. Les commémorations faites pour Roger Casement pouvaient aussi d’une certaine façon être liées aux manifestations contre la conscription, car il était en lien avec l’Allemagne. Ces commémorations étaient donc aussi un moyen d’expression du changement qui était en cours.

Jardin-Marteau Delphine, Université Paris Sorbonne Nouvelle

« The mind’s eye : Digression et Transgression des limites de genre dans l’œuvre de Ciaran Carson »

Le temps est nécessairement fugace et transitoire, placé sous le signe de la perte et de l’oubli. Cette notion de transition, de métamorphose perpétuelle semble donc être consubstantielle au temps qui est flux. En Irlande du Nord, au moment de la période des Troubles, la temporalité est placée sous le signe de l’irruption arbitraire de la violence. A contrario de la volonté d’amnésie qui aurait pu faire suite à ce traumatisme collectif, le poète Ciaran Carson utilise l’art de mémoire comme technique héritée des orateurs antiques pour fixer et enregistrer ses perceptions subjectives de la ville de Belfast. Son hypermnésie offre au lecteur la possibilité d’une exploration de pôles apparemment antithétiques (l’anglais/le gaélique, le visuel /le textuel, l’écrit/l’oral, le nationalisme/ l’unionisme…) Cette ambivalence, cet « in-betweenness » du poète ayant une conscience aigüe des expériences humaines dans toute leur complexité offre un spectre kaléidoscopique de la ville au lecteur. C’est ainsi dans les interstices et les zones d’entre-deux que s’ouvre l’espace de la poésie. Le regard de poète qui se souvient met en mouvement le passé selon des chaînes associatives.  Il alterne et juxtapose des moments plus qu’il ne les coordonne. Il n’y a pas de transition au sens de lien progressif car le passé revient parfois sous forme de fulgurance ou de « reviviscence ». Des fragments et des bribes du passé se répondent en miroir selon   une logique fugale et il est maître de la digression. Son art naît précisément de la tension entre le respect d’une forme fixe, la technique de l’art de mémoire, et une virtuosité du langage qui accumule, collectionne, met en scène et superpose différentes temporalités, compensant les affres de la perte par les délices du langage.   Nous nous proposons de vérifier comme le jeu de la mémoire au sens d’inventivité et de décalage permet au poète de transcender les limites de genre. 

Kolusniewski Florian, Université Toulouse Jean Jaurès

« La dissidence républicaine et l’irlandicité nord-irlandaise depuis 2012 : perceptions catholiques locales, polarités sociétales et enjeux identitaires »

Mon projet de recherche s’inscrit dans les nouvelles dynamiques générées par la mise en place du Brexit et tout particulièrement la perception par les populations locales catholiques des revendications et actions paramilitaires depuis 2012 en Irlande du Nord. En effet, ces organisations soutiennent une action violente dans l’objectif de modifier le statut constitutionnel de l’Irlande du Nord afin que celle-ci fasse partie de la même entité politique que la République d’Irlande.  Mon travail m’amène à évaluer les facteurs sociaux, culturels et économiques qui créent soit un terreau propice au développement d’un républicanisme radical soit un rejet des idéologies prônées par les groupes dissidents. L’hypothèse avancée est celle d’une société toujours polarisée dont les fractures ont été accentuées par le Brexit, l’influence des organisations radicales au sein des populations les plus fragiles économiquement et celle du réseau associatif local. Une prise de position en réponse au républicanisme radical met en jeu des concepts définitoires de l’identité nord-irlandaise et notamment ceux d’irlandicité, d’indigénéité  et de capital autochtone qui constituent un point crucial pour la construction d’une société réconciliée et apaisée. Mon analyse se fonde sur une approche sociopolitique des divisions sociétales notamment à travers l’interprétation de sources primaires produites par les groupes politiques, organisations communautaires et paramilitaires concernées. Le travail de terrain est également essentiel à la bonne compréhension à la fois des principes matriciels de la communauté catholique nord-irlandaise et des transitions identitaires dont elle est l’objet. C’est pourquoi la rencontre des acteurs influents à la faveur d’entretiens me permet de recueillir des informations utiles à la compréhension de la société étudiée et de ses traumatismes encore prégnants malgré le processus de paix matérialisé par la signature du Good Friday Agreement.

Lacoste Chloé, Université Paris Sorbonne Nouvelle

« Fenian Ireland, commemorations, and revolutionary transition »

For most of the 20th century, the study of Irish nationalism constituted in listing the rebellions which erupted regularly, and in analysing the immediate conditions of their emergence and organisation. Such was the case for the 1867 IRB rebellion, with particular focus on the secret society’s organisational peculiarities. Such was also the case for the 1916 Rising, with its multiple organisers and mix of social revolution with cultural nationalism.

Yet it has become more and more evident that rebellions or revolutions do not spring spontaneously from immediate organisation, but are rooted in the social, cultural, and political contexts which they emerge from – that is to say in the transitional period between two given rebellions. In the case of the afore-mentioned risings, one should note the striking reference made to the IRB in the 1916 Proclamation, even though 49 years separated the 1916 rebels from those of 1867, and despite the IRB’s discretion in the intervening years.

The transition between those two events, often depicted as an era of parliamentarian and agrarian agitation in which violent action was mostly abandoned, was actually marked by a strong Fenian culture, with IRB, former IRB and para-IRB agitators infiltrating various cultural and political organisations to work towards maintaining a radical, republican hue to Irish politics.

Part of that work for cultural influence involved using funerals or commemorative events to honour past republicans and maintain the symbols and rhetoric they had defended. In this paper, I wish to focus specifically on such commemorative events and their use in the late 19th century, when Irish republicanism seemed dormant, yet managed to maintain sufficient influence to emerge again at the turn of the century. This will also be an opportunity to discuss recent transitions in Irish historiography, with stronger focus on that period as cultural history develops.

Mansour Claire, Université Toulouse Jean Jaurès,

« The Northern Ireland civil rights movement as a transition towards rights activism »

Scholars of Social movement theory have stressed the need to study social movements, not as isolated phenomena, but as part of a wider group of similar mobilisations occurring within a few years. Borrowing the concept from Sydney Tarrow, it will be argued that the Northern Ireland Civil Rights movement was part of the wider protest cycle that started in the late 1950s and ended in the late 1970s in the United Kingdom. As such, it can be seen as a transitional movement amid the cycle, drawing inspiration from its two predecessors – the Campaign for Nuclear Disarmament in the United Kingdom and the civil rights movement in the United States, while also paving the way for the movements that would arrive in its wake and which would keep a rights-based approach – feminism and the gay and lesbian movement. As for the anti-racist struggle, it emerged much later in Northern Ireland and cannot be considered to be part of the same protest cycle.

This paper will first demonstrate how the Northern Ireland civil rights movement adopted some of the defining characteristics of the two precursor movements, and creatively adapted them to the local context. Breaking away from the marching traditions of the Republican and Loyalist communities, its organisers sought to have a universal appeal and transcend the politico-religious divide. They framed the issue of discrimination in moral terms, and borrowed from the non-violent repertoire of protest tactics. These features would then be passed on to the rights-based movements that later derived from the Northern Ireland civil rights movement. Feminists, gay and lesbian rights activists would become conscious of their own situation as oppressed groups in the midst of the conflict, often thanks to their participation in the civil rights movement, or at least through exposure to its frames. Drawing from interviews with Northern Irish civil rights activists and publications of the day, but also thanks to scholarly secondary sources, this paper will show how the Northern Ireland civil rights movement can be considered to have an enduring legacy in the wider struggle for equal rights in Northern Ireland.

Milonet Nina, Université de Lille

« Sally Rooney en dialogue avec le modernisme irlandais : vers de nouveaux modèles littéraires ? »

Cette communication s’intéressera à l’inscription de la romancière irlandaise contemporaine Sally Rooney dans une tradition moderniste. En étudiant en particulier le rapport que Rooney entretient avec James Joyce, il s’agira d’identifier comment, conformément à l’injonction de Pound, Rooney parvient à « make it new » tout en se référant de plus en plus à des modèles du siècle dernier au fil de la publication de ses romans. En effet, si une analyse de la trajectoire thématique et formelle des quatre romans de l’autrice semble d’abord indiquer un rejet de la littérature irlandaise dans Conversations with Friends (2017) et Normal People (2018), un tournant est pris avec Beautiful World, Where Are You (2021). Dans ce troisième roman à l’irlandité plus assumée, l’attention à la question écologique, déployée également dans son dernier roman au titre tout à fait transitionnel Intermezzo (2024), bénéficie d’un traitement collapsologiste dont il s’agira de montrer qu’il est hérité de l’eschatologie moderniste établie par Joyce. Dans une œuvre ultracontemporaine, Rooney fait évoluer des « millennials » préoccupée par l’environnement dans une Irlande post-Celtic Tiger. Cependant, en traitant le modernisme comme une modalité d’écriture plutôt qu’un moment historique, on voit s’esquisser chez Rooney un positionnement politique qui rejoue les grandes polarisations du début du XXe siècle en littérature. Ainsi « Pound et Eliot. Et d’un autre côté, Woolf et Joyce »[1] s’immiscent dans la vie personnelle des personnages dans Intermezzo pour dessiner un paysage politique qui sert toujours de cadre à l’heure où une « esthétique de l’écologie »[2] devient nécessaire. Le parcours que je propose dans l’œuvre de Rooney au prisme du dialogue avec Joyce permet une meilleure compréhension de l’influence du modernisme dans le traitement contemporain de nombreuses transitions dans le roman irlandais contemporain : transitions écologique mais aussi économique et générationnelle.

Robitaillié Audrey, Institut Catholique de Toulouse

« Thinking Outside the Map: Navigating Disability in Caitriona Lally’s and Melissa Diem’s Novels »

Echoing the folk narratives and their possible etiological function, Caitriona Lally’s debut Eggshells (2015) and Melissa Diem’s first novel Changeling (2004) make use of the changeling figure to discuss disability and the ways it is perceived in our contemporary western societies. In this paper, domestic and public spaces contrast, in parallel with the irruption of a fairy creature upsetting the balance of the family unit in the folk tales. This is particularly the case in the narratives featuring the ‘brewery of eggshells’ motif, which was used to identify the fairy fraud and which Lally’s title references. As the novels are set in or around Dublin, through which the narrator of Eggshells wanders via a variety of itineraries reproduced in the book, both the city space and the description of the home are analysed, using geocriticism and critical theories of the domestic interior, in conjunction with literary disability studies.

Salmi Kamel, Université Paris Sorbonne Nouvelle

« L’immigration irlandaise selon les archives britanniques : une analyse de la représentation de la population irlandaise en Angleterre entre 1921 et 1937 dans les Archives Nationales »

Alors que le continent européen a été façonné par un déplacement constant de populations locales et étrangères, L’Irlande a connu des vagues importantes d’émigration, notamment vers l’Angleterre, après la Grande Famine de 1847. Grâce à l’Acte de l’Union de 1800, les Irlandais pouvaient migrer librement en Angleterre. À partir de 1900, un climat d’hostilité s’installe en Angleterre contre la diaspora irlandaise avec la montée des voix nationalistes en Irlande. Juste après l’indépendance de l’Irlande, plus de 500 000 Irlandais et de personnes d’origine irlandaise se trouvaient au Royaume-Uni. Pour la diaspora irlandaise en Angleterre, la période entre la création de l’Etat Libre d’Irlande et la rédaction de la Constitution irlandaise en 1937 représente une étape cruciale dans la mise en place des lois qui ont ultérieurement réglementé l’immigration en Grande-Bretagne. Cela s’explique principalement par la transformation du statut des immigrés irlandais de « sujets de l’empire » à des ressortissants d’un territoire indépendant régis par The Alien Act. Conscient du nombre important des travaux menés sur cette période décisive de l’histoire irlandaise, cette communication s’appuiera sur l’analyse d’archives inédites mettant en exergue les débats menés par le gouvernement britannique et irlandais sur la question de l’immigration. L’analyse de cette période qui s’étend entre 1921 et 1937 à travers les Archives Nationales permettra de mettre en évidence le caractère extrêmement complexe des relations politiques entre la Grande-Bretagne et l’Irlande après son indépendance. D’une part, elle illustre parfaitement la transition d’une population étant dans une position de subordination à une population devenue souveraine. D’autre part, cette période établit les bases des relations futures entre le Royaume-Uni et la République d’Irlande. Dans les Archives Nationales à Londres, au cours de cette période, la représentation de la population irlandaise passe par trois phases importantes. Avant la création de l’Etat libre d’Irlande, les autorités britanniques qualifiaient les Irlandais en fonction de leur situation socio-politique et économique (« paupers », « workers »…). Après 1921, des expressions comme « natives of the IFS (Irish Free State) » sont utilisées. Cependant, lorsque la situation politique évoluait vers une indépendance de l’Irlande, on observe l’émergence dans les archives de l’expression « immigration en provenance de l’Irlande ». Dans l’ensemble, l’analyse de cette période décisive dans l’histoire de l’Irlande nous permettra de saisir les dynamiques qui ont influencé l’élaboration de certaines lois concernant l’admission des populations irlandaises au Royaume-Uni dans l’ère postindépendance.


[1] Sally Rooney, Intermezzo, Gallimard, 2024, p.428 (traduction de Laetitia Devaux)

[2] Ibid.