Jean-Louis Claret (Aix-Marseille Université)
« La main de Bruegel »
Il paraît que Jean Ortelius, un ami proche de Pierre Bruegel l’Ancien, aurait dit de ce dernier qu’il y a dans ses tableaux « plus de pensée que de peinture ». On peut donc se demander comment ce passage de l’image à l’idée a pu opérer. Une transition est nécessaire pour faire basculer l’observation de la pensée visuelle de l’image vers la contemplation de l’idée. J’émets l’hypothèse que cette transition est effectuée par la main, celle-là même qui peint et qui écrit. Elle est plus qu’un signe dont le peintre userait pour guider le regard des spectateurs, bien que l’œuvre de Pierre Bruegel l’Ancien, dont Sir Kenneth Clarke a souligné la gémellité avec Shakespeare, soit un véritable laboratoire du regard, comme l’a (secrètement) démontré Les Jeux d’Enfants (1560).
Dans Le Proverbe du Dénicheur (1568), le regard ricoche sur le doigt qui indique une direction à suivre. Dans Le Triomphe de la Mort (1562 ?), ce sont des mains encore, une main de soldat et une main de femme, qui permettent de renverser l’image englobante et de faire de ce tableau hallucinant un hymne paradoxal à la vie. Grâce à elles, le sens bascule, s’inverse.Dans Le Portement de Croix, la démonstration prend un tour particulièrement spectaculaire car la main sert d’intermédiaire entre le visible et l‘invisible.Mais il n’est pas ici question de l’invu qui fait de l’artiste le lieu d’une transition (J-L. Marion). La transition dont il est question ici opère entre le regard « aveugle » qui effleure l’image et celui, éduqué par le geste, qui perçoit ce qui n’est pas représenté. Sans elle, comme le disait Daniel Arasse, « on n’y voit rien ». Ce qui permet d’effectuer la transition du tableau non vu vers le tableau vu, c’est le tableau lui-même qui ouvre sur la pensée, voire la méditation.
Jean-Louis Claret est maître de conférences HDR à Aix-Marseille Université où il enseigne le théâtre de Shakespeare. Son dernier ouvrage, Illustre Shakespeare (2022), a été publié chez Anthem Press en 2024 sous le titre Picturing Shakespeare. Ses recherches portent sur les rapports entre mots et images, plus particulièrement sur les liens complexes qui peuvent être établis entre le théâtre anglais de la première modernité et la peinture de la Renaissance en Italie et en Flandres.
Nathalie Collé (Université de Lorraine)
« Transitions visuelles et discursives, transitions culturelles : Représentations icono-graphiques du théâtre américain en France, de 1960 à nos jours – affiches et programmes »
Cette communication s’inscrit dans le cadre du thème « transitions » en explorant les évolutions des pratiques visuelles et discursives liées à la représentation icono-graphique du théâtre américain en France depuis 1960. À travers l’analyse des affiches et des programmes de différentes productions théâtrales, nous examinerons comment ces éléments icono-graphiques reflètent non seulement les changements esthétiques et culturels, mais aussi les dynamiques sociales et politiques qui ont marqué cette période.
Le théâtre américain, par sa richesse et sa diversité, a trouvé un écho particulier en France, un pays où la culture théâtrale est profondément ancrée. Cependant, la manière dont ce théâtre a été représenté visuellement a connu des transformations significatives, influencées par des facteurs tels que l’évolution des goûts du public, les mouvements artistiques contemporains, et les enjeux de la mondialisation. Cette communication se concentrera sur plusieurs axes :
1. Analyse des affiches des représentations : Nous étudierons comment les affiches des productions américaines en France ont évolué au fil des décennies, en mettant en lumière les choix graphiques, les styles artistiques et les messages véhiculés. Quelles images et quels symboles ont été privilégiés pour attirer le public français, ou du moins résidant en France ? Comment ces choix reflètent-ils les transitions culturelles et sociales des époques traversées ?
2. Analyse des programmes des représentations : Les programmes, souvent négligés, constituent une source précieuse d’informations sur la réception des œuvres. Nous analyserons leur contenu, leur mise en page et leur rôle dans la médiation entre l’œuvre et le public. Comment les programmes ont-ils évolué pour s’adapter aux attentes des spectateurs et aux nouvelles pratiques de communication ?
3. Impact des nouvelles technologies : Enfin, nous aborderons l’impact des nouvelles technologies sur la création et la diffusion des visuels. Comment le numérique a-t-il transformé les pratiques de conception des affiches et des programmes ? Quelles nouvelles formes de représentation ont émergé dans le contexte contemporain ?
Cette communication vise à offrir une perspective texte-image sur les transitions visuelles et discursives dans le cadre de la production du théâtre américain en France, et notamment de sa promotion, en soulignant l’importance des éléments icono-graphiques (texte et image) dans la construction de l’identité théâtrale et la réception des œuvres. En mettant en lumière ces pratiques, nous espérons contribuer à une meilleure compréhension des enjeux culturels et artistiques qui traversent le paysage théâtral franco-américain, et à éclairer l’évolution des modes de relation texte-image qui se jouent dans leur promotion iconotextuelle.
Nathalie Collé est Professeure à l’Université de Lorraine (à Nancy), où elle enseigne la littérature et la culture anglophones. Ses recherches portent sur l’histoire du livre, de l’édition, et de l’illustration, ainsi que sur les rapports texte-images, l’adaptation et l’intermédialité. Elle est spécialiste des « après-vies » iconographiques et visuelles des classiques de la littérature britannique, et notamment des récits de voyages fictifs des 17e et 18e siècles. Elle est membre de SHARP (Society for the History of Authorship, Reading and Publishing) et de IAWIS / AIERTI (International Association of Word and Image Studies / Association Internationale pour l’Étude des Rapports entre Texte et Image), ainsi que de la SEAA 17-18 (Société d’Études Anglo-Américaines des 17e et 18e siècles). Elle est directrice de l’Unité de Recherche IDEA (Interdisciplinarité Dans les Études Anglophones), et co-directrice, avec Prof. Monica Latham, de la collection BPTI (Book Practices & Textual Itineraries, puis Book Page Text Image) publiée aux EDUL (Éditions de l’Université de Lorraine) depuis 2011. Elle est également vice-présidente adjointe de la SAIT (Société Angliciste – Arts, Images, Textes), aux côtés de Sophie Aymes, et vice-présidente de l’IJBS (International John Bunyan Society).
Leslie C. Howard (Université Toulouse Jean Jaurès)
« The Soul’s Transition to Enlightenment in the Spiritualist Paintings of Evelyn Pickering De Morgan »
Though Evelyn Pickering De Morgan (1855-1919) engaged with Pre-Raphaelitism, Aestheticism, and Symbolism, this talk highlights her connection to Spiritualism, which became a conduit for her—as for many Victorian artists and scientists—to comprehend the afterlife. Pickering De Morgan was fascinated with the spiritual realm, particularly the soul’s journey from the physical, material earthly plane to the celestial world. She fostered this exploration by evolving from experimental poetry in her youth to practicing automatic writing in adulthood as a way to communicate with spirits and angels. In her late paintings she sought to visualize and portray the soul in human form.
By examining various artworks, including The Passing of the Soul at Death (c. 1910-19), this paper seeks to investigate how Pickering De Morgan visually articulated the process of the soul’s crossing the boundary between the corporeal and afterlife, a transition that she saw as part of its quest for enlightenment towards a harmonious existence. My paper will scrutinize visual and thematic elements like landscapes, color palettes, and figural metamorphoses through which Pickering De Morgan conveys liminal states between life and death. I will also draw parallels between Pickering De Morgan’s interpretations and philosophical concepts, namely, Plato’s allegory of the soul’s journey toward enlightenment in The Republic and Swedenborgian ideas of the transformative soul. This approach offers an analysis of Pickering De Morgan’s spiritual themes of transition and the distinctive visual language that reflects the intersection of art and Spiritualism at the fin de siècle, ultimately highlighting her enduring contribution to dialogues around the soul’s enlightenment journey in art and philosophy.
Leslie C. Howard is a PhD student at the Université Toulouse – Jean Jaurès in the Centre for Anglophone Studies under the direction of Catherine Delyfer. Her dissertation is entitled “The Reinvention of Tradition in the Paintings of Evelyn Pickering De Morgan.” Her research interests are centered on the visual arts in Britain during the fin de siècle, with a particular focus on the Pre-Raphaelite, Aesthetic, and Symbolist movements. She is also interested in the influence of the Renaissance and Greek Mythology on art from this period. She has taught at universities in Toulouse, Perpignan, and Nancy and most recently at Sorbonne University.
Clémence Laburthe-Tolra (Université Paul Valéry Montpellier 3)
« Vita Sackville-West’s Easter Party (1953): Navigating Social Changes, Gesturing towards New Garden Aesthetics, and Calling for Renewed Agency in the Garden? »
Sackville-West’s lesser-known novel The Easter Party (1953) is set on the grounds of Anstey Manor, an opulent estate owned by the Mortibois. As Rose Mortibois walks her dog in the garden of Anstey (inherited by her husband Walter and laid out by the latter’s ancestor), one cannot but notice how the magnificent garden evoked throughout the novel reads as an 18th-century landscape garden – “the great grass slope”, the lake, the bunch of trees, as well as the serpentine water and “the classical temples” recall the aesthetics of the landscape garden as theorised by Lancelot Capability Brown. Yet, the ending of the novel calls for a reassessment of the 18th-century landscape garden tradition, as the mansion catches fire and the garden is destroyed by firemen trying to extinguish the fire by emptying out the lake, and crushing rhododendrons and daffodils in the process. Published at a time when country houses and stately home were declining and disapproved of by public opinion (Mandler 1997; ), The Easter Party seems to question the aristocratic order mirrored by the landscape garden, a social order that Sackville-West herself was a part of, as evidenced by her childhood country house at Knole, which she glosses over in Knole and the Sackvilles (1923).
I intend to show that while The Easter Party has been neglected by critics, the novel crystallises central preoccupations for Sackville-West as the latter addresses social changes (which are also reverberated in English Country Houses [1941]), calls for garden aesthetics (which departs from the 18th-century landscape garden she symbolically sets fire to in the novel), and seems to call for renewed agency in the garden.
Clémence Laburthe-Tolra holds a PhD in British Literature from Université Paul-Valéry Montpellier 3. Her PhD dissertation examined the green sensibilities of Elizabeth von Arnim, Vita Sackville-West and Rose Macaulay by focusing on how von Arnim, Sackville-West and Macaulay designed and plotted gardens and landscapes both on the page and on the ground. Clémence Laburthe-Tolra has published on the aesthetic, social, and political representation(s) of gardens and landscapes in 20th-century British literature as well as on the ecological and environmental implications of von Arnim, Sackville-West, and Macaulay’s horticultural and literary works.
Liliane Louvel (Université de Poitiers)
« L’art des transitions et transitions dans l’art dans Ali Smith Autumn : the prime of Pauline Boty »
Je propose de travailler sur l’art des transitions dans le roman de Ali Smith Autumn qui fait partie d’une suite consacrée aux saisons et dont les couvertures reproduisent les saisons de David Hockney. Dans Autumnn, Ali Smith utilise la technique du « plicing » désigné comme tel dans le Roman c’est-à-dire l’art des épissures, l’art de raccorder le plus invisiblement possible (interweaving for ropes) ce qui se traduit ans le texte au niveau de la narration mais aussi de l’utilisation de l’art et des images en texte selon diverses modalités. Le roman est situé au moment du Brexit, moment de rupture s’il en est, posant la question de la transition, qui est tissé dans le texte avec des transitions parfois presque invisibles. À ce thème s’ajoute l’introduction d’une figure pop des années soixante, Pauline Boty, qui s’immisce dans le texte et vient y figurer avec des images à la fois dans le paratexte et sous figure d’ekphraseis.
C’est donc entre texte et image que les transitions s’effectuent selon diverses modalités venant soutenir un thème social afférent : celui de la cause du féminisme et de la place des femmes dans le monde social et artistique. Les œuvres « pop » de Pauline Boty dédiées à l’affaire Christine Keeler/Profumo qui a secoué l’Angleterre des années soixante (voir Pauline Boty et son Scandal 63.) ont en particulier fait date. Les années soixante furent bien une période de transition artistique et sociale s’il en est, qui inaugura les secousses de mouvements qui devaient changer la société, la musique, les arts, l’architecture et les relations humaines.
Liliane Louvel est professeur émérite à l’Université de Poitiers, laboratoire FORELLIS, spécialiste de littérature britannique et des rapports texte/image. Outre d’autres ouvrages, elle a en publié cinq sur cette thématique : L’œil du text (PUM 1998), The Picture of Dorian Gray, Le double miroir de l’art (Ellipses, 2000), Texte/image, images à lire et textes à voir (PUR 2002), Le tiers pictural, Pour une critique intermédiale (PUR 2010), Poetics of the Iconotex, (trad. L. Petit, ed. K. Jacobs, Ashgate 2011), The Pictorial Third (trad. A. Tseti Routledge 2018), Stanley Spencer. Un visionnaire du quotidien (en cours de publication, SUP). Elle est Présidente d’honneur de la SAES, Présidente de ESSE, the European Society for the Study of English et est Présidente de IAWIS/AIERTI Association Internationale pour l’Etude des Rapports entre Texte et Image. Elle a été faite chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur en 2011.
Doriane Nemes (Université de Lorraine)
« De l’homme au texte, à l’image et à l’objet : les itinéraires transmédiaux d’Oscar Wilde à travers la satire »
Tout au long de sa vie, Oscar Wilde s’est construit comme un signe plastique malléable. En tant que tel, il a fait l’objet d’un large éventail d’appropriations, qui impliquent un processus de transition (d’un référent sensible à une figuration). Néanmoins, Wilde a également fait l’objet de transitions d’un medium à un autre. De l’homme au texte, à l’image et à l’objet, Wilde s’est souvent trouvé dans un état intermédiaire, oscillant entre plusieurs media. La notion de « transitions » invitant à considérer le rôle de l’intermédialité, cette communication aura pour but de penser la transition comme adaptation d’un medium à un autre. Nous nous attacherons à mettre en avant la façon dont Wilde a su tirer profit des satires qui, bien qu’elles aient tenté de lui conférer un caractère instable en l’enfermant dans un état liminaire, à mi-chemin entre plusieurs media, tout en le fixant en un stéréotype, ont contribué à la promotion de sa personnalité prismatique.
Ce travail portera sur un corpus transmédial de documents satiriques publiés entre 1880 et 1900 : un récit fictionnel (Aristophanes at Oxford: O. W.), un artefact (la théière « Patience »), et plusieurs iconotextes tels que « Talmage – The clown business is done for » ou encore « Punch’s Fancy Portraits No. 37: “O. W.” ». Il s’agira tout d’abord d’étudier les processus de transposition intersémiotique auxquels Wilde est soumis dans ces satires, notamment à travers des phénomènes de référence, ou encore à travers la théâtralisation du prototype wildien. Ensuite, il conviendra d’étudier l’effet « en retour » de ces adaptations qui, en faisant osciller l’auteur entre plusieurs media, lui confèrent un caractère instable, liminaire. Néanmoins, nous montrerons que, si les adaptations transmédiales de Wilde avaient pour objectif de déstabiliser l’auteur, elles ont paradoxalement contribué à la promotion de sa personnalité aux multiples facettes.
S’inscrivant dans les études intermédiales et dans les études sur la culture visuelle et matérielle, cette communication adoptera une perspective interdisciplinaire afin de mettre en lumière un double paradoxe : si les satires fixent Wilde en un stéréotype, elles le placent en même temps dans un état liminaire et « hybride » en le faisant osciller entre les media ; et, alors qu’elles moquent Wilde, elles mettent simultanément en lumière la nature kaléidoscopique de sa personnalité.
Doriane Nemes est agrégée d’anglais et doctorante contractuelle à l’Université de Lorraine. Lauréate d’une bourse d’excellence en 2022, elle prépare actuellement une thèse intitulée « Oscar Wilde, ou l’esthète-objet : étude de la réception satirique de l’esthétisme wildien, 1880-1900 » et ce, sous la direction conjointe de Xavier Giudicelli (Université Paris Nanterre, CREA, EA 370) et de Nathalie Collé (Université de Lorraine, IDEA, UR 2338). Ses recherches portent sur la façon dont Wilde a su tirer profit des satires qui ont fait de lui un véritable esthète-objet, et visent à mettre en évidence le rapport paradoxal que l’auteur entretenait avec la société de consommation, qu’il rejetait et embrassait dans un même mouvement.
Michelle Ryan (Université d’Angers)
« Dreaming Trees in Rikki Ducornet’s Late Career Surrealist Writing: A Research-Creation Presentation »
Rikki Ducornet is an American writer of experimental surrealist poetry, short stories, essays and novels, who explores the power of the imagination to question society. Her influences include the international surrealist movement, as well as writers ranging from Harry Mathews, to Robert Coover, William Gass, Angela Carter, Italo Calvino and Jorge Luis Borges. Ducornet is also a visual artist; she paints and produces prints, and her fiction teems with vivid imagery.
In her late career writing, Ducornet has turned to shorter forms, playing with discontinuous fragments within the structure of hybrid texts. Ducornet’s most recent work, The Plotinus (2023), hovers on the boundary of the novella and the short story. It depicts the plight of a man who has been imprisoned by a robot in an authoritarian political environment. He survives through his loving relationship with a single hornet, thus lending a strangeness to human/animal relations, and suggesting a shift in forms of environmental immersion and awareness.
The Plotinus led to the creation of the NVLA series at Coffee House Press, where each book “illuminates the capacious and often overlooked space of possibilities between short stories and novels.” In addition, the booklet foregrounds its own materiality, as it is printed in blue ink on high quality paper with illustrations by Michael Eastman. Eastman’s blue cyanotypes of trees propose an uncanny visual dialogue with Ducornet’s dreamscapes.
In this presentation I will proceed in the spirit of New Narrative hybrid forms of critical discourse, such as those of essayist Dodie Bellamy, to engage with the ethically saturated, intermedial dimension of Ducornet’s surrealist novella. I will integrate fragments of interviews with Ducornet into my study, while also reflecting on the strange synchronicity with my own story, “I am a Tree” (Hope is the Thing, 2023), in which the protagonist’s body is invaded by the artful vegetation of tree-like tattoos.
Michelle Ryan is Senior Lecturer at the Université d’Angers, France. She is the director of the European Network for Short Fiction Research and former editor of Journal of the Short Story in English. Her research focus is the short stories of contemporary women writers (Angela Carter, Rikki Ducornet, Ali Smith, Sarah Hall), with a special emphasis on intermediality, authorship, reading pragmatics and gender. Ms. Ryan has published essays in edited collections and journals such as Marvels and Tales, Journal of the Short Story in English, and Short Fiction in Theory and Practice. Her current interests include the interconnection of short forms and digital media, and research-creation approaches to women’s autobiographical fiction. Her story “I am a Tree” won second prize in the Lucent Dreaming 2022 short story contest. This story has been published alongside a second story, “My Body, My Self: A Bathtub Meditation” in a Lucent Dreaming sponsored anthology, Hope is the Thing (2023). She has also published stories in Polysèmes (2023) and CŌNFINGŌ MAGAZINE (2024). Her research-creation Habilitation à Diriger des Recherches studies her short story cycle, Blue Breast, through the prism of her published research on women’s short fiction.
Sandra Saayman (Université de La Réunion)
« The Pictorial Text in Literature of the Transition between the Old and the New South Africa: a Few Examples »
Released from what Albie Sachs, former Constitutional Court judge and freedom fighter, refers to as “the multiple ghettoes of the apartheid imagination” (Spring is Rebellious. Arguments about Cultural Freedom, 19), South African literature of the transition is characterized by the sudden and novel appearance of literary works suffused with descriptions of works of art. This paper proposes analyses of a few examples of passages saturated with the visual found in literature engaging with the miracle years that followed Nelson Mandela’s release from prison and the years of his presidency, a period characterized by “the feeling that everything was possible” as Antjie Krog puts it in Conditional Tense. Memory and Vocabulary After the South African Truth and Reconciliation Commission (2). Although it is criticized today, the image of the Rainbow Nation, coined by Archbishop Desmond Tutu and popularized by former President Nelson Mandela, at the time was a powerful symbol structuring the nation’s hope, its culture and its literature.
Liliane Louvel has pointed out that the “role of hypotyposis and ekphrasis cannot simply be reduced to ornamentation” (Poetics of the Iconotext, 51). What, then, do they bring to the literary text? And what does their sudden appearance in South African literature signify? To use Meg Samuelson’s words in her introduction to Remembering the Nation, Dismembering Women? with reference to how women’s bodies are depicted in literature of the period, does the pictorial text, too, help “ferry the nation across the temporal divide” (4) between the old and the new South Africa? Or do the many detailed descriptions of sculptures, architectural structures, installations and paintings possibly allude to more problematical questions, thus worrying the seemingly optimistic literature of the much-awaited and celebrated transition? Passages from the works of Zakes Mda, Zoë Wicomb, Ivan Vladislavić, Breyten Breytenbach and Patricia Schonstein-Pinnock will be analysed.
Sandra Saayman is senior lecturer (MCF HDR) at the University of La Réunion where she is a member of the research group DIRE http://dire.univ-reunion.fr. Her research focuses on the interface between text and image in South African literature. She is the author of Breyten Breytenbach, A Monologue in Two Voices (Johannesburg: Fourthwall Books, 2013) and has published various articles on contemporary South African literature. She defended her HDR, written under the mentoring of Lilane Louvel and entitled “Depicting the Rainbow Nation: The Pictorial Text in South African Literature of the Transition (1990-2000),” at the University of Poitiers in 2019.
Armelle Sabatier (Université Panthéon-Assas)
« ‘Rose-Cheeked Adonis’. The Visual Poetics of Floral Transitions in Shakespeare’s Venus and Adonis (1593) »
Shakespeare’s first narrative poem, Venus and Adonis, published in 1593 during the Black Death epidemics, opens onto the chromatic celebration of the young Adonis’ beauty: “Even as the sun with his purple-coloured face /Had ta’en his last leave of the weeping morn, /Rose-cheeked Adonis hied him to the chase” (ll.1-3). The metaphor of the rose to picture masculine beauty echoes the first sonnet addressing the ephemeral beauty of “the Youth” in Shakespeare’s Sonnets: “From the fairest creature we desire increase, /That thereby beauty’s Rose might never die” (sonnet 1, ll.1-2). This blooming vegetal poetics in Venus and Adonis closes with Adonis’ tragical floral metamorphosis into a bi-coloured flower after being killed by a boar: “And in his blood that on ground lay spilled /A purple flower sprung up, chequered with white” (ll.1167-8). This paper seeks to explore the aesthetic processes to visualize Adonis’ floral transitions in Shakespeare’s poetry. While taking into account the varied cultural transmutations of this Greek myth in Renaissance mythographers’ works, this study will explore some of Shakespeare’s poetical alterations to the figure of Adonis from an intermedial perspective, focusing more precisely on the author’s poetics of colour to envision masculine beauty. Hence, the discussion will begin with the chromatic variations of Adonis’ solar nature through the complex use of the metaphor of the rose, a flower initially related to the goddess Aphrodite/Venus and later associated to the tradition of pulchritudine descriptio, or the celebration of feminine beauty in the Renaissance. Adonis’ metamorphosis into a bi-coloured flower at the end of this erotic poem written in the Ovidian vein intertwines different poetical traditions ranging from ancient Greek poetry to the French Pléiade poets, exposing Shakespeare’s refashioning of poetical models. Nevertheless, Venus’ fatal gesture of picking the fragile purple and white flower puts an end to the poetical exercise, a process pictured in green: “She crops the stalk, and in the breach appears /Green-dropping sap, which she compares to tears” (ll.1175-6). This final floral transition embodies Adonis’ impossible resurrection in Shakespeare’s version, hence transgressing the traditional depiction of Adonis’ garden, a symbol of eternal regeneration celebrated by Elizabethan fellow poets.
Armelle Sabatier is Senior Lecturer at Université Paris-Panthéon-Assas. She is a member of the research group VALE at Sorbonne Université. She is specialized in early modern literature, her main field of research being intermediality and colour studies. She has published many articles and chapters on visual arts and also colours in Shakespeare. She is the author of Shakespeare and Visual Culture. A Dictionary (London, Bloomsbury Publishing, 2016). She has also co-edited with Camilla Caporicci, The Art of Picturing in Early Modern English Literature (New York and London,Routledge, Routledge Studies in Shakespeare, 2019). Her next monograph explores the colour red in Shakespeare’s narrative poems (provisional title: Fleurs de Sang. Poétiques du rouge dans les poèmes narratifs de Shakespeare).
Emma Save (Université Sorbonne Nouvelle)
« Le style elfique : étude intermédiale de la construction d’une architecture imaginaire »
Au fil de mes recherches, je retrace l’histoire de l’identité visuelle d’un peuple imaginaire, le peuple elfique, dont les racines remontent au folklore européen avant que son identité ne soit remaniée sous la plume du philologue et écrivain britannique, J.R.R Tolkien. Les premières illustrations de l’univers de la Terre du milieu ont permis une mise en image inédite du monde elfique. Cependant, il faut attendre l’adaptation cinématographique de Peter Jackson, dans les années 2000, pour qu’une cohérence esthétique soit établie dans la représentation de l’Elfe et de son habitat, notamment à travers les décors, mais également grâce à d’autres outils filmiques tels que la musique ou encore la lumière. La trilogie de Jackson peut être considérée comme une sorte de manifeste stylistique. D’autres médias, comme le jeu vidéo et le jeu de rôle, vont reprendre ces codes.
Bien évidemment, chaque transition médiatique est synonyme d’apports nouveaux, car l’expérience de l’utilisateur est différente en fonction du média consommé. Ainsi, ma communication vise à comprendre la construction, au fil des transitions médiatiques, d’un style né de l’architecture du monde imaginaire elfique, en appuyant mon propos sur des notions comme l’intermédialité et ses déclinaisons (l’intertextualité, la multimédialité, ou encore la remédiation lorsque l’adaptation est recyclée dans des formes ultérieures et effectue un va et vient médiatique).
Emma Save est en quatrième année de thèse, inscrite à l’université Sorbonne Nouvelle à Paris en Littératures anglo-saxonnes, sous la direction de Mme Isabelle Gadoin. Elle est rattachée au laboratoire MAGIIE de l’ED 625 et son sujet de thèse s’intitule : « Le style elfique de J.R.R Tolkien à Peter Jackson, du roman aux adaptations visuelles ».
Nadezda Seliverstova (Université de Pau)
« L’ange : une figure transitoire dans l’art de Burne-Jones »
La création de la figure d’ange dans l’art de Burne-Jones fait partie de l’imaginaire religieux du peintre. Fervent chrétien dès son plus jeune âge, Burne-Jones a suivi des études de théologie à l’Université d’Oxford et aspirait entrer dans les ordres. Il renonce à cette vocation en 1856 pour se consacrer pleinement à l’art. Tout au long de sa vie artistique, l’artiste envisageait son activité créative comme un exercice religieux. Comme le dit Colette Crossman : « At different points throughout his career, from its beginnings at Oxford until the last years of his life, he formulated his artistic practice as a religious exercise assuming a range of guises such as holy warfare, invocation of the divine, or ascetic discipline ».
Parmi les diverses formes artistiques issues de l’imaginaire religieux qui ont été conçues par le peintre, la figure de l’ange nous intéresse tout particulièrement grâce à en raison de son caractère transitionnel. L’objectif de ce travail sera, donc, de démontrer la transition qui s’opère au sein de la figure angélique dans l’art de Burne-Jones. Pour ce faire, on étudiera les différents types de transgression des frontières que révèle la figure en question, à savoir : les transitions spatio-temporelles, religieuses, physiques et identitaires.
Afin de donner un exemple, on se tournera vers la série des tableaux The Days of Creation. Les figures angéliques qui représentent les six jours de la Création se révèlent androgynes, dépourvues des signes d’âge et dotées d’une faible individualisation au niveau des traits du visage. Leurs attributs contribuent à créer un caractère composite, réunissant à la fois la dimension céleste – désignée par les ailes et le signe de flamme sur le front – et la dimension terrestre, qui est suggérée par les pieds dénudés et le chromatisme chaud des tenues des anges. Le cadre spatio-temporel paraît également indéfini car il est dépourvu de repères terrestres précis, de perspective et de profondeur, l’arrière-plan étant dissimulé par les ailes des anges.
Seliverstova Nadezda, originaire de la Russie, a obtenu son diplôme de master en Rhétorique des Arts au sein de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour. Son travail de mémoire a orienté sa recherche vers le domaine des études anglophones. Elle a continué depuis l’année 2018 son cursus universitaire avec le laboratoire ALTER (Arts/Langages. Transitions & Relations. UR 7504) qui appartient au collège des écoles doctorales de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour. Son champ de recherche porte sur les arts visuels et sur l’économie de l’image. Pour le projet de sa thèse, elle réalise une étude comparative qui rapproche l’art byzantin à la peinture préraphaélite aux niveaux de la structure de l’image et de son agentivité. L’objectif de sa thèse est d’examiner la place de l’art orthodoxe et de ses modes opératoires dans l’art de Burne-Jones afin d’élargir le regard critique porté sur ses œuvres. La thèse s’intitule : « À la verticale du visible : figures de la transfiguration dans l’art préraphaélite. »