Atelier SEAA1718

CURELLY Laurent, Université de Haute Alsace – Mulhouse

« Mercurius Politicus : un hebdomadaire en transition ? »

Cette présentation propose une réflexion sur l’hebdomadaire anglais Mercurius Politicus, publication officielle du Commonwealth (1650-1653) et du Protectorat (1653-1658). Ce journal n’a encore fait l’objet d’aucune étude d’envergure, malgré sa longévité et son importance stratégique pour les régimes qui se sont succédé dans les îles Britanniques dans les années 1650. Joad Raymond, spécialiste de la presse anglaise de la première modernité, reconnaît pourtant la complexité de l’hebdomadaire : « Politicus was an extraordinary, multi-generic text […], a more complex beast than any previous newsbook » (The Invention of the Newspaper 79). La présente communication s’efforcera de combler ce vide en questionnant l’identité générique du journal, qu’elle mettra en relation avec son contenu. Elle montrera que, loin d’être monolithique, cette publication évolua dans les premières années de son existence (1650-1653), de manière presque organique, au contact des événements politiques et en réponse à eux, alors que la république se mettait en place et tentait de consolider ses fondations. Elle s’appuiera en particulier sur une analyse détaillée du format de l’hebdomadaire qui, à ses débuts, possédait les caractéristiques d’un « mercury », publication à tonalité satirique prisée des royalistes, mais qui, au terme d’une transition de plusieurs mois, se mua en « diurnal », format traditionnel des journaux parlementaires. Elle montera comment le recours successif à des codes journalistiques différents témoigne de l’identité en devenir de Mercurius Politicus, identité assumée par son auteur Marchamont Nedham, qui avait mis sa plume au service du journalisme parlementaire et royaliste dans les années 1640 ; elle s’interrogera sur le lien possible entre le caractère évolutif (transitionnel ?) de l’hebdomadaire et les incertitudes politiques du début des années 1650.

Bio-bibliographie : Laurent Curelly est Professeur de civilisation et de littérature anglaises du XVIIe siècle à l’Université de Haute Alsace – Mulhouse et Doyen de la Faculté des Lettres, Langues et Sciences Humaines. Il est spécialiste de la Révolution anglaise du premier XVIIe siècle : il a publié des ouvrages, des articles et des traductions sur la presse des années révolutionnaires et les sectes radicales à la même époque. Il a récemment rédigé une traduction préfacée des pamphlets du Digger Gerrard Winstanley, en collaboration avec Mickaël Popelard : Gerrard Winstanley – Pamphlets Politiques (Zones Sensibles, 2023). Il a été rédacteur en chef de XVII-XVIII de 2018 à 2023. Il est actuellement rédacteur en chef de la Revue Française de Civilisation Britannique. Il est également membre du jury du Prix de la Recherche AFEA/SAES.

DELAHAYE Agnès, Université Lumière Lyon

À l’occasion de la table-ronde consacrée à l’épistémologie et à l’historiographie des disciplines de la Société, Agnès Delahaye discutera de l’impact considérable de l’histoire atlantique, de la nouvelle histoire impériale et de l’histoire continentale américaine sur la manière dont la modernité européenne est désormais interrogée outre-Atlantique, et de ce que ce décentrement de l’État-Nation dans l’étude des circulations et des échanges aux 17e et 18e siècles veut dire pour les chercheurs en histoire de ces périodes. Elle présentera aussi quelques pistes sur les enjeux de la diffusion et de la valorisation de la recherche en histoire coloniale auprès du public non-spécialiste.

Biographie : Agnès Delahaye est professeure d’histoire et de civilisation américaines, spécialiste de la colonisation anglaise aux XVIIe et XVIIIe siècles. Ses thèmes de recherche incluent les processus d’appropriation territoriale et de gouvernance coloniale (settler colonialism), l’historiographie de la Jeune Amérique, l’exceptionnalisme historique, et les guerres culturelles autour de l’écriture du passé et de l’en-commun Étatsuniens. 

GARBAYE Linda, Université de Caen Normandie

« Le New Jersey de la période pré-révolutionnaire aux premières années républicaines : une histoire complexe et non linéaire »

La Révolution américaine, événement historique central dans l’histoire des Etats-Unis
d’Amérique, a apporté les changements majeurs que l’on connaît, à commencer par
l’établissement d’une union des Treize Etats américains devenus indépendants, puis d’une
nation américaine. Cette histoire centrale nous amène à souligner le passage du statut
juridique des colons britanniques d’Amérique du Nord – les sujets de sa Majesté –à celui de
citoyens des Etats (de résidence) et des Etats-Unis d’Amérique, ainsi que ses implications
politiques. Elle questionne également les transitions sociales et culturelles de ces colonies
vers des sociétés républicaines naissantes.

Dans cette période, à la fois intermédiaire et décisive, de la seconde moitié du XVIIIe
siècle, et pour rendre compte de la diversité des changements dans les colonies, ayant eu lieu
à des degrés divers et avec plus ou moins de succès, il convient de les analyser à plusieurs
niveaux, y compris au niveau infra-local. Pour ce faire, mon choix s’est porté sur le New
Jersey comme étude de cas.

Cette communication ne vise pas à présenter les débats sur le vote des femmes
propriétaires et non mariées, et sur leur participation électorale dans le New Jersey, un sujet
que j’ai eu le bonheur de présenter il y a quelques années. Je m’intéresse aux phases
intermédiaires allant du New Jersey prérévolutionnaire vers le jeune Etat indépendant du
même nom. Ces étapes sont à la fois historiques, juridiques, politiques et sociales. L’objectif
de la communication est d’analyser ces transitions, qu’elles soient courtes ou non, et ses
significations sur la longue durée.

Biographie : Linda Garbaye, enseignante-chercheuse à l’université de Caen Normandie, est spécialiste del’histoire du New Jersey, de l’histoire locale, de l’histoire de la citoyenneté sur la longue durée, et de l’histoire de la participation politique des femmes au cours du long XVIIIe siècle. Récemment, elle a publié un livre ayant pour titre Experimenting and contesting citizenship in New Jersey: from English North America to the early American Republic (1664-1820), éd. Les Perséides. Avec Anne-Claire Faucquez, elle a par ailleurs co-dirigé le livre intitulé Liberté et citoyenneté dans l’Empire britannique et les jeune Etats-Unis, du XVIIe siècle au XIXe, publié aux Presses Universitaires François-Rabelais en 2021.

GARCENOT Clémentine, University of York

“Crossing gender barriers to share her story of exile: the memoirs of an Anglo-Irish aristocratic woman (1795-1799)”

The marquise de la Tour du Pin (1770-1853), born Lucy Dillon, comes from both a long line of Irish exiles and English aristocrats but grew up in France. To escape the French Revolution, she masterminded her family’s emigration, first to North America, then to England, from 1795 to 1799. The memoirist had a contradictory identity; she was a woman displaying what was
considered male agency and an Anglo-Irish French resident exiled to a foreign country.

Through an interdisciplinary and cross-national approach to her memoirs, titled Journal of a Fifty YearOld Woman (1778-1815), I will address how they showcase a repeated crossing of literal and figurative borders, taking place both in the 1790s and at the time of writing.
This paper will first consider Tour du Pin’s representation of her two emigrations, depicting a
change in her status for the worse, as responsible for a symbolic, positive inner evolution.

Moreover, it will analyse Tour du Pin’s portrayal of her movements as illustrating her increased
agency which, as an aristocratic woman, had hitherto been submitted to gender-restrictive
conventions. Finally, once she had crossed the border into America and, later, England, Tour du Pin faced the Other in the form of a people and culture she was unfamiliar with. The significance of Tour du Pin writing her retrospective curated narrative between 1820 and
1843, decades after the facts, cannot be overlooked. As such, this paper concludes with the
assertion that the memoirs are evocative of her need to assess and comprehend the past.

Biography: Clémentine Garcenot recently passed her viva within the department of English and Related Literature and Centre for Eighteenth Century Studies at the University of York. She has a Bachelors Degree in History as well as a Bachelors and a Masters degree in English literature from Aix-Marseille University. She is also agrégée d’anglais. Her thesis is titled ““I am not writing history”: the French Revolution in the Memoirs of French Aristocratic Women (1792-1843)”. Her research focuses on life-writing, especially the memoir genre, women’s voices and treatments of the French Revolution.

HERRMANN Frédéric, Université Lumière Lyon

“From the confessional state to liberty of conscience: the transition of Erastianism”

This paper will seek to examine a form of transition – both in discourses and practices – in the conception of the relationship between church and state in the first half of the 17th c in England, more specifically how dissenting groups or individuals may have been accommodated and given freedom of worship and conscience within that nexus. The official practice of the Elizabethan state, often dubbed ‘Erastian’, had been to confer absolute authority on the magistrate in determining for its subjects the ‘adiaphora’ (things indifferent, or secondary) of the faith, thus leaving no room for dissent. By the 1650s, however, in the writings and aspirations of Harrington or Milton for example, Erastianism could take on an entirely different meaning, as ‘neighbouring differences’ could coexist alongside a ‘civil religion’ entirely defined by a state that had taken over from the church.

It is my contention that this transition was made possible by two other transitions, via the social connections of the English sectarian milieu with the remonstrants of the Dutch Republic and via a radical reinterpretation of the Old Testament model of church polity. Instead of attributing the emergence of liberty of conscience to a theology of free grace (David Wootton) or to a starkly typological separation of Old- and New- Testament dispensations (John Coffey), it should be located in the reinterpretation of the ‘Hebrew theocracy’ as a state affirming its superiority over the church, as Eric Nelson has suggested. This bold reinterpretation was vehiculated both by elements of the London underground of religious dissenters and by theological / political figures who had gained access to power during the Civil War (like John Selden) and had benefited from cultural exchanges with the Netherlands. It will be also important to ascertain whether the model they prescribed and practiced led to toleration and, beyond, to religious freedom, or merely to an internal ‘comprehension’ within a state still intent on closely monitoring consciences.

Biography: Frédéric Herrmann, senior lecturer, Université Lumière Lyon 2, UMR 5206 Triangle, LabEx COMOD (Constitution de la Modernité)

Recent publications:

* « A high road to civil war » ? : continuités politiques du puritanisme sous Jacques VI/Ier et Charles Ier », in Cyril Selzner (dir.), Émergence et transformations du puritanisme en Angleterre: 1559-1642, Paris : Ellipses, 2022, p. 181-219.

* « Des Commonwealthmen au service de la liberté : l’opposition à Guillaume III et le « canon républicain » », Éthique, politique, religions, 2022, vol. 2022/1, nᵒ 20, p. 39-63.

* « Un territoire inviolé : invasion, souveraineté et diplomatie publique dans le projet orangiste de 1688 en Angleterre », XVII-XVIII : revue de la Société d’études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles, 28 décembre 2022, vol. 2022, nᵒ 79, « Territoires de diplomatie ».

* « Antinomians, ceremonialists, and judaizers: on the margins of puritanism? », Revue française de civilisation britannique, 15 décembre 2022, XXVII, nᵒ 3.

* Nelson Eric, La République des Hébreux : les sources juives et la transformation de la pensée politique européenne, Frédéric Herrmann, Françoise Orazi et Cyril Selzner (trad.), Lormont, le Bord de l’eau, Judaïca, 2022, 197 pages.

KLEIMAN-LAFON Sylvie, Université Paris Nanterre

À l’occasion de la table-ronde consacrée à l’épistémologie et à l’historiographie des disciplines de la Société, Sylvie Kleiman-Lafon abordera la question du temps long en histoire de la traduction et des traducteurs et les problèmes de méthodologie que pose l’étude de la circulation géographique et temporelle des œuvres du 17e au 20e siècle.

Biographie : Sylvie Kleiman-Lafon est Professeur de littérature britannique du long XVIIIe siècle et d’histoire de la traduction à l’Université Paris Nanterre. Ses travaux portent sur la circulation des œuvres et des idées littéraires et philosophiques, mais aussi sur les rapports entre formes littéraires et discours scientifiques à la période moderne. Traductrice, elle s’intéresse également à l’histoire de la traduction et des traducteurs.

PARAGEAU Sandrine, Sorbonne Université

« Épidémies de vers marins et colonisation : la période moderne, début de l’Anthropocène ? »

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le teredo navalis, un mollusque xylophage, souvent désigné par le terme générique « shipworm » en raison de son apparence vermiforme, semble envahir les côtes européennes, au point que les contemporains déplorent une « épidémie de vers marins ». Ceux-ci s’attaquent au bois des installations côtières et des coques des bateaux, causant de multiples naufrages. En Angleterre comme ailleurs, cet obstacle à la navigation est perçu comme un problème d’envergure nationale : le gouvernement appelle donc les artisans et les philosophes de la nature, notamment les fellows de la Royal Society, à trouver des solutions au plus vite, pour que les voyages maritimes à des fins coloniales et commerciales puissent se multiplier dans un contexte de concurrence exacerbée entre pays européens. On considère aujourd’hui que le teredo navalis, dont l’habitat naturel était les mers chaudes de la Caraïbe et des Indes, aurait été disséminé à travers le monde, discrètement transporté dans les coques en bois des bateaux, puis se serait acclimaté à un nouvel environnement. Dans cette communication, on se demandera si ce déplacement du teredo navalis peut être perçu comme une conséquence de la colonisation et venir renforcer l’idée que la période moderne marquerait la transition vers l’Anthropocène.

Bio-bibliographie : Sandrine Parageau est Professeure de civilisation britannique à Sorbonne Université et membre d’HDEA UR4086. Elle est spécialiste d’histoire intellectuelle de la période moderne. Elle a récemment publié une monographie intitulée The Paradoxes of Ignorance in Early Modern England and France (Stanford UP, 2023), ainsi que plusieurs articles et chapitres sur l’histoire des sciences et des savoirs, dans la Revue d’histoire des sciences, les Archives de philosophie ou la Revue d’anthropologie des connaissances. Elle s’intéresse aussi à l’histoire des femmes philosophes de la période moderne et a publié à ce sujet Les Ruses de l’ignorance. La contribution des femmes à l’avènement de la science moderne en Angleterre (Presses Sorbonne Nouvelle, 2010) et, avec Line Cottegnies, Women and Curiosity in Early Modern England and France (Brill, 2016), ainsi que plusieurs articles dans Études Épistémè, Dix-septième siècle ou encore Journal of Early Modern Christianity.

QUALLS Bethany, Université de Caen Normandie

“Uncommon Fame, Reputation Transitions, and Information Shifts in Richardson’s
Clarissa

Like “a Doe escaped from Mother Damnable’s park,” Clarissa Harlowe’s flight from
Sinclair’s brothel marks a major transition in the novel’s plot and the brothel keeper’s
understanding of her own reputation. Despite her willingness to pay her bills and high-quality
clientele, this event reveals how Sinclair’s neighbors actually view her and her house: worthy
of condemnation. Samuel Richardson’s Clarissa (1747–48) offers seemingly countless
examples of such shifts in understanding—often reported second- or third-hand—underlining
reputation’s driving mechanisms within the novel’s larger gossip economy, along with its
many contradictions. Men like Lovelace and James Harlowe dismiss gossip as “the female
round-about” early in the narrative, yet they deem it worth cash payments to gather and
spread. Women, meanwhile, perform in-kind information exchanges, brokering the
intelligence essential for controlling narrative power. Whether called “talk,” “intelligence,”
“gossip,” or “news,” these remediated communications construct (and, at times, deconstruct)
reputations for people and places with tangible, even fatal, impacts.

I argue that Clarissa demonstrates how people leverage gossip to access power, particularly
connected with transitions in personal reputation and fame. For example, Sinclair’s
misunderstanding of her own fame eventually leads to her horrific death. The more sustained
transformations of Clarissa and Lovelace’s care for their individual reputations also
underlines the lasting impacts of seemingly ephemeral exchanges. Each ends where the other
began: nearing death, Clarissa barely cares about others’ opinions while Lovelace’s earlier
nonchalance transitions to increasingly frantic attempts to salvage his reputation. Although
controlling how others see them proves impossible for Richardson’s characters, they
highlight how gossip transforms as communication tool for economic exchange, disruptive
patriarchal surveillance, community bonding, and social change, sometimes all at once.

Biography: Bethany is a Postdoctoral Fellow for the Punch’s Pocket Book Archive at the Université de Caen Normandie (ERIBIA, UR 2610). A long-time teacher, professional editor, and scholar of the long eighteenth century, she researches gossip, the novel, periodicals, feminist theory, history of sexuality, modernism, comics, and print culture. Her current book project, “Flying Reports, Fame, and Fortune: Gossip beyond Celebrity in Eighteenth-Century Print Culture,” demonstrates how gossip powers new media forms in both the past and present. Her scholarship has been supported as a Lewis Walpole Library fellow, American Society of
Eighteenth-Century Studies Women’s Caucus Catherine Macaulay Prize winner, and Mellon
Public Scholar working with Letterform Archive. Publications include articles in K-SJ+
(Keats-Shelley Journal online supplement), Eighteenth-Century Fiction, NECSUS: European
Journal of Media Studies, ABO: Interactive Journal for Women in the Arts, 1640–1830, and
the collection A Spy on Eliza Haywood, as well as part of the Open Digital Seminar in
Eighteenth-Century Studies (available on YouTube). Find more of her ongoing projects and
public humanities work at bethanyqualls.com.

RIVERE DE CARLES, Nathalie, Université Toulouse-Jean Jaurès

À l’occasion de la table-ronde consacrée à l’épistémologie et à l’historiographie des disciplines de la Société, Nathalie Rivere de Carles discutera des atouts et difficultés d’études interdisciplinaires dans la recherche sur la première modernité. En partant de l’émergence de nouvelles approches combinant les disciplines telles que celle de la Nouvelle Histoire Diplomatique, elle interrogera les conditions du dialogue entre littérature et histoire, documents fictionnels et non-fictionels, et le recours à des prismes conceptuels divers comme renouvellement méthodologique et moyen de diffusion de la recherche.

Biographie : Nathalie Rivère de Carles est maîtresse de conférences en théâtre et culture de la diplomatie de la première modernité anglaise à l’Université Toulouse Jean Jaurès. Elle est l’auteure d’ouvrages et d’articles sur l’histoire théâtrale, le théâtre et la diplomatie des XVIe et XVIIe siècles tels que Early Modern Diplomacy, Theatre and Soft Power: The Making of Peace (2016), et plus récemment « The Drama of Tapestries: a Theatrical History of Early Modern Diplomacy » (Performance of Diplomacy, à paraître en 2025), « Claudius et l’hamartia diplomatique dans Hamlet » (Mises en je(u) de Hamlet, 2023) et « Diplomatic Parrhesia and the Ethos of Trustworthiness in Hotman’s The Ambassador and Shakespeare’s Henry V » (Journal of Medieval and Early Modern Studies, 2020). Elle a co-dirigé des numéros de revues dont « Hamlet, the Play’s the Thing », Arrêt sur scènes / Scene Focus (13, 2024) et « Territories of Diplomacy: The Anglo-American World and International Relations », XVII-XVIII (79, 2022).

ROY Sneharika, American University in Paris

“Shameful Pleasures, Pleasurable Shame: Thresholds of Shame in Jane Austen’s Northanger Abbey

Jane Austen’s Northanger Abbey is a classic bildungsroman of transition from juvenile innocence to worldly adulthood, set against the backdrop of industrialisation and social transformation in Regency England. The heroine Catherine Morland undergoes an exegetic rite of passage: She must renounce her textual craze with Gothic romance to become a skilful reader of polite society. This paper revisits the central role of shame in identity-formation in this initiatory narrative. As Eve Sedgwick points out, Austen’s novels structure female subjectivity around systematic acts of shaming. Shame, Sedgwick asserts, is a “threshold” between “sociability and introversion” that establishes and naturalizes identity in a self/other dialectic. But the Foucauldian focus on the disciplinary gaze neglects the transgressive pleasures afforded by shame.

If shaming was a purely painful experience, Catherine would not spend the entire novel flirting with, if not actively triggering, moments of her shaming. Building on Sedgwick’s analysis of the erotics of shame and Jennifer Panek’s work on sexual modesty in the epithalamic tradition, I argue that shame’s status as both titillation and transgression echoes early modern culture’s ambivalence towards a sexualized female subjectivity. Catherine reveals herself to be a serial “shamee” whose identity emerges less through the disciplinary control of others than through her self-instigated, scopophilic negotiation between auto-erotic narcissism and social normalisation. I conclude with a metatextual consideration of Austen’s shame, laid bare in the famous passage that defends the aesthetic and affective reach of the emergent novel, itself an emblem of transition in the era of early modern print capitalism. 

Biography: Sneharika Roy is Associate Professor in the Comparative Literature and English Department at the American University of Paris. Her book The Postcolonial Epic: From Melville to Walcott and Ghosh (Routledge, 2018) traces the emergence of a postcolonial form of classical epic, prefigured by Moby Dick and typified by Omeros and the Ibis trilogy. Roy has contributed to MLA Approaches to Amitav Ghosh (2019), Amitav Ghosh’s Culture Chromosome (2022), The Epic World: Comparative Approaches (2024, Routledge) and Dictionnaire des littératures indiennes (upcoming, Gallimard). Her recent research investigates the affective dimensions of women’s writing in the early modern period and feminist science fiction.