Samuel Baudry, MCF, Université Lumière Lyon 2, Laboratoire IHRIM (UMR 5317)
Les discours métalittéraires au XXIème siècle : décadence ou transition ?
Cette communication explore quelques-unes des transformations des discours métalittéraires à l’ère contemporaine, marquée par un déclin des institutions littéraires traditionnelles et l’émergence de nouvelles formes d’engagement critique.
Historiquement, chaque mutation des pratiques littéraires s’est accompagnée d’un débat sur le rôle de la critique, de l’exégèse et de la théorie. Cependant, les bouleversements observés depuis les années 1960 semblent plus profonds, liés à la dévalorisation des humanités au profit des sciences et techniques, à l’influence croissante des outils numériques et à la démocratisation des discours critiques sur Internet. La montée des amateurs, blogs, et plateformes comme BookTok suscite un double regard : certains y voient une libération critique populaire, tandis que d’autres dénoncent une perte de profondeur et d’expertise. Par ailleurs, les algorithmes de recommandation, les outils d’analyse textuelle et d’IA posent la question de l’avenir de la critique humaine.
Ces débats ont toutefois favorisé un « sursaut épistémologique » inédit, qui interroge la pluralité des pratiques critiques au sein de l’ensemble des sciences humaines et sociales et qui cherche à redéfinir les études littéraires.
Alice Byrne, MCF, Aix-Marseille université, LERMA (UR 853)
Franco-British university exchanges and the development of British Studies in France, 1948-1955
The 1948 Brussels Treaty tends to be described as a military alliance that paved the way for NATO. However, it also laid the foundations of the Western Union and sought to foster cooperation among its members in all fields. The series of bilateral cultural conventions signed by France, Britain and the Benelux at the end of the 1940s aimed to encourage cultural exchange with the aim of consolidating “western civilization” and fostering a shared cultural identity. This cultural dimension was seen as an integral part of plans for economic and political cooperation.
This paper will assess the impact of 1948 Franco-British Cultural Convention on the development of English studies in France in the early post-war period through a study of the work of the Mixed Commission. This body brought together experts from both countries: civil servants and non-state actors, particularly from the field of education, including universities. The teaching of English and French within both countries had obvious practical and political ramifications, as linguistic ability was seen to lead to mutual understanding and appreciation. Furthermore, higher education was perceived as having an important role to play in European reconstruction and post-war development, producing more skilled graduates and facilitating the emergence of European networks. This paper will seek to identify the specific role played by individual academics and language departments more broadly within these schemes. Ultimately it will determine whether Franco-British diplomacy of this period led to the expansion of English studies in France, and potentially its counterpart of French studies in the UK.
Sylvie Mathé, PR émérite, Aix-Marseille université, LERMA (UR 853)
L’émergence de la littérature des États-Unis dans le cursus des études anglophones et les programmes de l’agrégation d’anglais (1949-2025)
Cette communication aborde le positionnement disciplinaire de ce qu’on appelle « l’américain », et plus précisément la place de la littérature des États-Unis dans l’histoire de l’anglistique en France. Le long, et lent, cheminement qui a mené de la période pionnière de l’entre-deux guerres jusqu’à l’efflorescence des années 60-70 a vu le domaine de la littérature et de la civilisation américaines sortir des marges pour devenir un socle incontournable des études anglophones. La dynamique au sein des départements d’anglais s’est ainsi partiellement rééquilibrée, même si la parité entre domaines britannique et américain relève encore de l’utopie. De la même façon, il a fallu attendre 1949, un siècle exactement après la première agrégation d’anglais, pour que figurent enfin au programme des œuvres — deux, exceptionnellement trois — d’auteurs états-uniens. Un examen de l’historique des œuvres mises aux programmes entre 1949 et 2025, l’accent mis sur certains auteurs ou courants, comme la rareté ou l’absence d’autres, donnent ainsi à voir les figures dans le tapis de ce qui dessine le canon de la littérature des États-Unis dans l’anglistique en France.
Anne Page et Sophie Vallas, PR, Aix-Marseille université
Retour d’expérience : Comment enseigner l’histoire et l’épistémologie des études anglophones aux étudiant.es?
Le projet Histoire et épistémologie des études anglophones (Hépistea) et le Dictionnaire des études anglophones fournissent d’ores et déjà un certain nombre d’indications sur l’histoire des études anglophones et les méthodologies qu’elles convoquent. Ils viennent s’ajouter à des travaux et rapports existants, au premier rang desquels la thèse de la sociologue Marie-Pierre Pouly, « ‘L’esprit’ du capitalisme et le corps des lettrés. L’inscription scolaire de l’anglais et sa différenciation, XIXe-XXe siècles » (EHESS, 2009). En 2025, une équipe de six enseignant.es membres du projet (Cécile Cottenet, Marie Hédon, Sébastien Lefait, Michael Stricof, Anne Page et Sophie Vallas), a créé un cours pour aborder le sujet avec les étudiants du master 2 Études culturelles du monde anglophone à Aix-Marseille université. Ce temps d’échange prendra la forme d’un retour d’expérience sur ce cours et ouvrira le dialogue avec celles et ceux qui proposent déjà des cours similaires au sein de leurs formations, ou qui souhaiteraient le faire à l’avenir, l’objectif étant d’encourager une meilleure connaissance des études anglophones dès la formation des futur.es anglicistes.
Miles Taylor, PR, Humboldt Universität zu Berlin
International agencies and the expansion of higher education in the global south, c. 1950-1990
During the final decades of colonialism, several European powers accelerated the development of universities in their overseas territories. The French in Senegal, the Belgians in the Congo, the Portuguese in Angola, Mozambique and Macau, the Dutch in Indonesia, the Italians in Ethiopia, and most extensively, the British in parts of Asia, Africa and the Caribbean, all invested in the expansion of higher education, just as they were disengaging from empire. This paper explores the role of American, British and Canadian organsations in this exercise in soft power. There are four case-studies: theRockefeller Foundation and the American Council of Learned Societies (USA), the Inter-University Council for Higher Education Overseas (UK), and the Canadian International Development Agency. Comparisons are made between these institutions, and some of other overseas agencies (especially the French) acting in different regions of the world.
Philippe Vervaecke, PR, université de Lille,
La civilisation à l’agrégation d’anglais, 1977-2025 : évolutions d’un champ disciplinaire au prisme du concours
Cette communication consiste en une analyse des programmes de civilisation au concours de l’agrégation, depuis l’introduction de cette « sous-discipline » au concours en 1977 jusqu’au programme actuel. L’objectif sera d’élaborer une cartographie des sujets au programme en tenant compte des découpages chronologiques, des aires géographiques et des objets d’étude proposés. Cet inventaire permettra de recontextualiser un certain nombre de choix et de donner à voir comment les choix de sujet manifestent les évolutions thématiques et épistémologiques de la « civilisation ». La démarche s’inscrit en complément d’un travail similaire réalisé sur les sujets en littérature depuis 1945. Les données seront par ailleurs en mise en regard des éléments d’auto-désignation des appartenances disciplinaires des anglicistes au sein du département d’études anglophones à Lille. Il s’agira de ce fait de dresser les grandes lignes de l’évolution du champ à travers le prisme de l’agrégation et de souligner les processus de spécialisation épistémologique au sein de la communauté des « civilisationnistes ».